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Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger, 20 janvier 1866

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Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger
20 janvier 1866


Extrait du journal

En prenant la parole à la Sorbonne, il doit m’être permis d'adresser un respectueux et cordial adieu au Collège de France, auquel je suis attaché par huit années (l’enseignement cl dontj’emperle de précieux souvenirs; mais il est plus naturel ici d’exprimer les sentiments que j’éprouve en enlisant dans cette autre éminente compagnie oii je suis heureux de retrouver mes maîtres et mes amis. Aussi, mon premier devoir est de remercier M. le ministre de l'instruction publique qui m a confiécettcsuppléanceavec une bienveillance si prompte, et M. Patin, qui a bien voulu me proposer à son choix, an moment où, après trente années d’un enseignement non interrompu, il acceptait ces délicates fonctions du décanat, qui est devenu, depuis plus d’un quart de siècle, entre les mains d’un savant illustre, le plus haut patronage et la plus belle magistrature littéraire delà France. Mais M. Patin, si digne de remplacer le vénéré doyen que la Faculté vient de perdre, ne sera pas lui-même remplacé dans cette chaire. Je ne sais qui pourrait vous rendre celte érudition si solide et si fine qui a (‘levé à la tragédie grecque un monument durable et pic vous retrouviez ici sous une forme plus familière; celte admiration naturelle du beau, qui se passait le plus souvent d’appareil oratoire, comme un culte épuré qui voudrait ne rien devoir à des cérémonies fastueuses; celte simplicité exquise qui était le meilleur commentaire de l’art antique en donnant 1 exemple avec le précepte; les aimables détours d’une science épuisant tous les sujets, sans épuiser l’attention •le 1 auditoire; cette industrie diligente qui rapprochait sans effort les textes pour les faire valoir les uns par les autres; la grâce errante d’une parole qui recueillait d’un vol léger dans chaque auteur le suc le plus pur de la poésie; enfin, cette urbanité à la fois si française et si romaine, dont j’aurais tant de plaisir à vous peindre les nuances et que tout le monde voudrait entendre louer longuement, excepté M. Patin lui-même....
Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger (1863-1871)

À propos

La Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, dite « revue bleue », est une revue hebdomadaire ayant paru entre 1863 et 1870. Elle est l’équivalent littéraire de la Revue des cours scientifiques de la France et de l’étranger, dite « revue rose », fondé quasiment en même temps. D’obédience républicaine, on y trouve principalement des textes écrits par des universitaires. La publication cesse de paraître à la chute du Second Empire, mais renaît en 1871 sous le titre de Revue politique et littéraire.

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Données de classification
  • patin
  • marcha
  • virgile
  • france
  • faculté des lettres
  • collège de france
  • sorbonne