Extrait du journal

orateur parmi les explosions de l’esprit public, je me trompe tout à fait si je n’ai pas le droit de dire que c'est aussi de la littérature et de la société modernes que nous allons nous occuper. M. Daunou appelait le oto" siècle h* siècle le plus tragique de l'histoire, et comme il parlait ainsi après la Terreur, c'était beaucoup dire : la date souligne le mol. Mais, n en déplaise à M. Daunou, le xvic siècle a, pour nous attacher, mieux «pie les drames les plus émouvants; qu'il soit ou non le plus tragique de ! histoire, il en est par bien des traits le plus actuel : là sont les origines du monde où nous vivons. Pour sentir combien ce monde est nouveau, nous n’avons point d’effort à faire, nous n'aurions qu'à nous laisser aller, la tentation est grande de ne voir que sa nouveauté seule. Mais quoiqu'elle ait pour beaucoup d'esprits un attrait qui les ravit d espérance et d'orgueil, la nouveauté ne suffit pas à contenter tous les instincts de larme ; le même besoin qui nous pousse a chercher autour de nous ceux qui pensent comme nous, nous pousse aussi à chercher en arrière ceux qui seraient des nôtres s'ils vivaient aujourd'hui. C’est là un besoin, messieurs, qui a été trop souvent méconnu par les hommes spis appartiennent dccœurau monde moderne cl qui croient à ses destinées. I rop souvent ils ont négligé de répondre a ceux qui en parlent, avec colore ou avec dédain, comme de quelque chose qui daterait d'hier, comme d'un assemblage confus de requêtes sans précédents et de systèmes sans exemples, comme d'un monde enfin (pie deux ou trois générations isolées auraient essaye de fabriquer à la main, pour les pas ionien selon la fantaisie du moment. El non-seulement ils ont laissé parler ainsi leurs adversaires, ils ont eu aussi le tort d'imiter aveuglément leur langage ; ils ont mis le meilleu|;de leur zèle à opposer sans cesse la tradition et le progrès. Ils auraient dû s'attacher bien plutôt à suivre à la trace dans le passé la tradition du progrès, à étudier l'iiisloire ancienne (les idées nouvelles, à rendre le monde moderne d’autant plus fort en montrant de quel travail séculaire il est le résultat récent. C'est un chapitre, messieurs, de celte histoire ancienne des idées nouvelles que je voudrais entreprendre ici en détail, avec Montaigne et avec vous....