Extrait du journal

De la poudre et du pain ! Citoyens, Il n’est pas impossible que quelques-uns d’entre vous, en lisant le litre de notre entretien d’aujourd’hui, aient eu la mémoire assez longue pour se rappeler que dans une autre salle j’ai eu l’honneur de parler avec une vive conviction contre la guerre, et peut-être se seront-ils dit : Voilà un homme qui va se mettre en contradiction avec lui-même. En apparence, je l’avoue, ces personnes auraient raison, car aujourd’hui je viens vous dire : Résistez; résistez jusqu’à votre dernière cartouche; résistez jusqu’à votre dernière miette de pain et à votre dernier grain de poudre; tandis qu’il y a dix-huit mois à peine, je vous parlais de la guerre avec exécration. Et plus alors, M. Pelletai! qui présidait la séance et moi, nous exprimions avec vivacité l’horreur que la guerre nous inspirait, plus vous nous donniez des marques de votre chaleureux assentiment. Peu de jours après, à Strasbourg, quelques-uns de mes amis tirent traduire en allemand les paroles qui avaient été prononcées, en y joignant l’indication de vos applaudissements, et envoyaient au delà de la frontière un grand nombre d’exemplaires de cette traduction, afin que le peuple allemand, qui ne voulait pas la guerre, y apprît que la nation française ne la voulait pas davantage....