Extrait du journal

J’ai sous les yeux l’article qu’un grand ami de cette maison vient de publier dans une revue de jeunesse pour inciter les nouveaux bacheliers à se perfectionner dans l’art d écrire. Il leur conseille de noter sur des cahiers le fruit de leurs lectures, de s’exercer à bien penser en formulant, la plume à la main, leurs méditations. « Pour penser, dit-il, il est presque nécessaire d’écrire. Ecrire saisit et enchaîne la vérité, qui nous visite toujours, mais qui, sans la contrainte que nous exerçons sur elle pour rédiger, échappe à notre étreinte comme le brouillard à nos mains. Par le travail d’écrire l’on s’empare de ses propres pensées et de celles d’autrui ; on les comprend vraiment, on les fixe, on les classe ; l’on conquiert ainsi quelque parcelle de l’univers, on se conquiert soimême. » (1)...