Extrait du journal

AIS-JE oser faire l’éloge de la pluie ? J’ai lu rapidement l’autre jour un article de Paul Souday sur ce sujet d’actualité. Il mettait en scène, si mes souvenirs sont exacts, celui qui songe à son plaisir et celui qui pense à ses carottes. Suivant qu on passe aux champs les mois d’été pour s’y promener ou y cultiver sa terre, on ne fait pas de la même façon le gros dos sous 1 eau du ciel. Nous savions cela. Nous connaissions aussi 1 aversion de Paul Souday pour les lois supérieures sous lesquelles il faut bien que se courbe l’orgueil humain et à ! égard desquelles la résignation est encore le dernier mot de la philosophie. Ce qui rend la pluie insupportable à certains esprits, c est qu il faut la prendre quand elle vient et s’en passer, hélas ! pendant huit mois, s il plaît à Dieu. Avouerai-je qu’à l’encontre du critique du Temps, dont l’article était d ailleurs agréable, je sais gré à la pluie de tomber à sa fantaisie, sans prendre 1 avis des hommes. Il est vrai que j’en suis encore à prier Dieu qu il protège nos récoltes et à me laisser attendrir si j entends dire que les bonnes gens de Provence adressent à Saint-Maximin, dans les grands jours, cette invocation : Grand Saint, ami de Noires-Seigneur, qui êtes venu de Palestine dans la barque des S ointes-Maries et qui, tout le temps du voyage, avez tenu la tempête en respect, préservez. notre vigne de la grêle, du tonnerre et des mauvais vents....