Déforestation : un fléau dénoncé par la presse
Inondations, sécheresse... Pendant des décennies, la France a connu les ravages de la déforestation, fléau régulièrement dénoncé par la presse.
"Le mot est aussi barbare que la chose ; l'un ne devrait pas plus exister que l'autre ; mais, puisque cet affreux mot existe, tâchons de remédier à la chose ; en supprimant celle-ci, nous finirons peut-être par supprimer le vilain mot. Et ce sera tout bénéfice." En 1906, le journal Le Rappel alerte sur les dangers d'un fléau pourtant connus depuis des décennies.
Dès 1827, un député à l'origine du code forestier avait mis en garde par ces mots :
"Ce n’est pas seulement par les richesses qu’offre l’exploitation des forêts sagement combinée qu’il faut juger de leur utilité : leur existence même est un bienfait inappréciable pour les pays qui les possèdent, soit qu’elles protègent et alimentent les sources et les rivières, soit qu’elles soutiennent et raffermissent le sol des montagnes, soit qu’elles exercent sur l’atmosphère une heureuse et salutaire influence. La destruction des forêts est souvent devenue, pour les pays qui en furent frappés, une véritable calamité et une cause prochaine de décadence et de ruine."
Pourtant, entre 1840 et 1890 notamment, la France a subi de plein fouet les conséquences d'une déforestation massive, comme le note La Croix en 1909 :
"La liste serait interminable des catastrophes qui ont ravagé nos montagnes des Alpes, des Pyrénées, des Cévennes et des inondations qui ont dévasté les vallées de la Loire, de la Garonne, du Rhône."
Et le journal catholique d'appeler l'État à réagir :
"C’est la destruction de la forêt qui occasionne les avalanches, les glissements de terrain, les débordements des rivières. C’est la reconstitution de nos massifs boisés qui empêchera le retour de ces fléaux."
Dès les années 20, le lien entre déforestation et dérèglements climatiques est pointé du doigt. En 1922, alors qu'une nouvelle vague de sécheresse menace la France, L'Ouest-Éclair écrit :
"L'heure est donc enfin venue de tourner les regards vers les forêts du monde entier, et de se demander si, pour ramener l'harmonie dans la nature, il ne conviendrait pas de ramener la forêt sur des superficies appréciables, de façon à épanouir la lame d'eau tombée à la surface entière de la terre. En cela faisant, on atténuerait certainement la violence des inondations, comme aussi la persistance des sécheresses, car, ne l'oublions pas, inondations et sécheresses sont nées d'une même cause : la déforestation de certaines contrées du globe.
Il faudrait s'enfoncer cette idée dans la tête !"
En 1930, l'inondation du siècle dans le Tarn-et-Garonne mettra à nouveau en lumière l'urgence de mettre un frein à la déforestation française.