Écho de presse

Le naufrage du Pourquoi Pas ?

le 25/09/2019 par Marina Bellot
le 15/09/2016 par Marina Bellot - modifié le 25/09/2019
Le Pourquoi Pas au Havre ; Agence Rol ; 1908 - Source BnF

40 morts, un seul survivant. En 1936, les disparitions du navire et de l'explorateur Jean-Baptiste Charcot suscitent une immense émotion en France.

En septembre 1936, de retour de mission au Groenland, le Pourquoi Pas ?  fait une escale à Reykjavik, en Islande, pour réparer la chaudière du bateau. L'équipage repart le 15 septembre pour Saint-Malo mais le bateau est pris le 16 septembre dans une violente tempête cyclonique et s'abîme sur les récifs islandais. Le naufrage fait 23 morts, 17 disparus et un seul survivant, Eugène Gonidec, le maître timonier. Jean-Baptiste Charcot, considéré comme le père de l'océanographie moderne et de la recherche polaire française, périt à l'âge de 69 ans. 

L'émotion en France est immense. Le quotidien breton L'Ouest-Éclair consacre une très grande partie de son édition du 18 septembre 1936 au naufrage, évoquant "le vide poignant" causé par cette "épouvantable disparition" qui touche une fois de plus "maints foyers de nos côtes sans cesse éprouvés par la mer". 

Dépêchés aux quatre coins de la région, les journalistes rendent visite aux familles endeuillées : 

"Jamais peut-être notre devoir professionnel ne fut aussi pénible quand, ce soir, nous nous sommes rendus auprès de la famille d'Auguste Bougeard, à Saint-Laurent, en Plérin, et c'est sous le coup de la plus vive émotion que nous écrivons ces lignes quelques minutes après notre entrevue avec une épouse éplorée, un beau-frère et une belle-sœur en larmes et une famille accablée sous le coup du malheur."

Grâce à son réseau étendu de correspondants, L'Ouest-Éclair parvient à recueillir des dizaines de témoignages :

"Mme Piriou, malgré son grand chagrin, a bien voulu nous dire :
- C'était sa première campagne à bord du
Pourquoi Pas ? Il devait rentrer, me disait-il dans une lettre reçue ce soir, vers le 29. Il aurait dû partir en campagne de deux ans, mais, ayant trouvé un permutant, il préféra partir au Groenland, voyage qui lui assurait son avancement rapide, car il devait fêter au retour ses galons de second-maitre.
M. Piriou laisse un petit garçon de treize mois"

Se livrant à un minutieux travail, le journal retrace la vie des disparus, leurs faits de gloire et leurs projets avortés. 

Parole est aussi donnée à un géologue rennais qui accompagna de 1922 à 1928 le professeur Charcot dans toutes ses expéditions à bord du Pourquoi Pas ? : 

"Les nuits de gros grains, il ne se couchait pas. Il se mêlait aux matelots pour veiller aux manœuvres. (...) Je n'ai pas à insister sur la valeur scientifique du docteur Charcot. À ce point de vue, il est universellement connu. Je peux encore vous confier que c'était un chef au vrai sens du mot, un père de famille. Qu'il était d'un tempérament enjoué et que nul, mieux que lui, ne savait raconter une anecdote vivante et pittoresque. Qu'il n'avait enfin, que des amis. Des amis qui ne se lasseront pas de pleurer sa mort."

L'unique survivant du naufrage, Eugène Gonidec, rapportera plus tard que Charcot resta le dernier avec le commandant sur le bateau, comme le veut la tradition, et que, juste avant d'être englouti par les flots, il libéra une mouette, mascotte de l'équipage. 

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