L'éducation des femmes

De Gustave Le Bon, on retient surtout sa Psychologie des foules tandis que les plus érudits rappellent qu'il fut un brillant visionnaire dans des domaines aussi variés que la médecine, l'économie, la chimie, l'anthropologie ou la sociologie.

Mais l'homme n'était pas exempt des préjugés de son temps.

Dans Le Journal de l’enseignement en 1890, alors qu'il vient de publier une "étude sur la psychologie des femmes et les effets de leur éducation actuelle", on peut lire :

"Il commence par s'élever avec force contre l'idée de l'égalité des races et des sexes, idée qu'il croit fausse et pleine des plus grands dangers. [...]
De cette différence profonde d'aptitude entre les deux sexes, M. Le Bon conclut que c'est folie de leur donner la même éducation. Il s'élève avec énergie contre les programmes surchargés de l'enseignement féminin, où les connaissances véritablement nécessaires à la femme brillent par leur absence."

Alors que l'instruction des femmes est longtemps restée éloignée du savoir intellectuel, les lois de la III^e République amorcent une évolution qui va, selon Le Bon, dans le mauvais sens :

"Il pose en fait que cette éducation, toute de mémoire, et qui ne peut réellement élever le niveau intellectuel de la femme ni servir à sa vocation sociale, n'est bonne qu'à la « détraquer », au point de vue moral, et, — chose plus grave encore — au point de vue physique, elle est une cause incessante de l'anémie et du nervosisme. La dégénérescence de notre race en sera la conséquence fatale et peu lointaine.

Faut-il supprimer l'instruction des femmes ? Non, il faut l'accommoder à leurs facultés et à leur vocation. La femme est admirablement faite pour élever les petits enfants ; il ne faut plus la détourner de cette tâche vers l'enseignement des sciences, ou vers les professions qui conviennent seulement aux hommes. Ce que nous demandons pour la femme, dit M. Le Bon. c'est l'enseignement exclusif de l'enfance."