Écho de presse

André Gill, dessinateur à charge

le 24/03/2021 par Marina Bellot
le 01/02/2017 par Marina Bellot - modifié le 24/03/2021
Portrait d'André Gill par Nadar ; Source : BnF Gallica

Figure incontournable de la presse satirique, André Gill a puisé son inspiration dans les gouvernements de Napoléon III puis de Thiers avant de s'engager pour la Commune de Paris.

Peintre et caricaturiste, André Gill (1840-1885) parvient très jeune à vivre de son talent de dessinateur. Il a une vingtaine d'années lorsqu'il commence à collaborer à des journaux et des revues satiriques dont L'Éclipse (qui sera interdit par la censure en 1867 à la suite d'une caricature de Napoléon III). 

Celui qui deviendra une figure majeure de la presse satirique française commence par puiser ses inspirations dans le gouvernement de Napoléon III puis dans celui d'Adolphe Thiers, dans un contexte d'injustices sociales criantes et de violences difficilement contenues.

Caricature de Thiers et Gambetta par André Gill - Source BnF

La capitulation du gouvernement Thiers face à l'armée prussienne ouvre la voie à la Commune de Paris. Dans le journal Le Cri du peuple, Jules Vallès commente ce sursaut porteur, auquel André Gill croit plus que jamais : "Fils des désespérés, tu seras un homme libre".

C'est pendant cette période, sans doute la plus exaltante de sa vie, qu'André Gill crée les fameux portraits-charge qui lui valent une célébrité incontestable.

Nadar, Vallès, Rimbaud, Courbet, Zola puis Verlaine, Victor Hugo... Gill côtoie de nombreuses personnalités de l'époque, auprès desquelles il peaufine son art de la satire et son talent de caricaturiste.

Caricature de Wagner par André Gill - Source BnFCaricature de Dumas père par André Gill - Source BnF

Engagé comme aide-pharmacien d'un bataillon de la Garde nationale, André Gill est nommé administrateur du musée du Luxembourg le 15 mai 1871 par la commission fédérale des artistes de la Commune de Paris. Quelques jours plus tard, les communards vont connaître la défaite et André Gill voit ses espoirs de renouveau politique et social se briser.

Contraint de se faire oublier du pouvoir quelque temps avant de reprendre son activité, il crée en 1874 le personnage de "Madame Anastasie", allégorie marquante de la censure politique.

En 1881, il est soudainement interné à l’asile de Charenton, où il meurt quatre ans plus tard (non sans que sa folie subite ait été interrogée et commentée dans un nombre impressionnant d'articles).

À sa mort en 1885, de nombreux journaux rendent un hommage sincère à l'homme et à son œuvre. Retenons celui de La Justice, qui résume :

"Avec André Gill s'en va un des remarquables représentants de la caricature, un intelligent manieur du crayon politique. Son œuvre considérable, qu'il est impossible de passer en revue aujourd'hui, restera non seulement parmi les documents recueillis pêle-mêle par les bibliothécaires, mais elle tiendra un bon rang par son indiscutable valeur intrinsèque."

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