Extrait du journal
CIIALON. L’ennemi a jeté le cri de guerre.... Légitimistes et démagogues se sont mis en campagne.... Que veulent.ces insensés? Espcrcnt-ils donc comprimer l’élan na tional ? Croient-ils pouvoir arrêter le Ilot populaire qui grandit chaque jour et déborde de toutes parts ? Pauvres pygmées, que vous êtes à plaindre dans votre aveuglement ! Le comte de Chambord, en qui nous aurions toujours voulu voir une grande et noble infortune, le comte de Chambord, que l’on égare et que l’on trompe, vient de lancer une protestation , répandue à grande profusion, et dont notre département a été inondé. Le descendant de Louis XIV nie formellement le principe de la souveraineté populaire , et dit que si la France veut revenir à la monarchie , lui seul est le représentant de ce principe, dont il conservera le dépôt et les traditions jusqu’à son dernier soupir. Sa Majesté Henri V, ajoute une correspondance, prêche dans le désert, elle se prélasse fort à son aise sur l’ombre d’un trône, avec l’ombre d’un sceptre, dans des illusions sans portée. D’autre part, voici la démagogie qui, suivant l’expression d’un journal, exhale, dans un dernier rugissement, ses sentiments de férocité , ses passions de boue et de sang. Le Moniteur a publié les manifestes du comité révolutionnaire de Londres et celui des démocrates socialistes réfugies à Jersey. Le cœur se soulève à la lecture de ces pièces que l’on cherchait à répandre clandestinement parmi le peuple, et que le gouvernement a voulu livrer à la publicité afin que personne n’ignorât quelles odieuses tentatives étaient dirigées autant contre la nation que contre lui même. C’est un appel à l’assassinat, à l’égorgement en masse , au massacre de tous les bons citoyens, qualifiés de misérables, de bandits et de brigands. Chaque phrase , dit la Patrie, chaque mot suinte le sang. C’est la mort pour Louis-Napoléon , il faut qu’il reçoive le juste châtiment de son héroïsme , qu’il soit ferré au poteau par le bourreau. C’est la mort pour tous ses complices, la mort pour tous ceux qui lui ont prêté serment, l’extermination par le fer et le plomb dans tous les can tons, dans tous les arrondissements, dans toutes les préfectures, et si le fer et le plomb ne suffisent pas, qu’on prépare le chanvre vengeur. On affiche aussi un sou verain mépris pour ce troupeau giCon appelle le peuple. Voici d’ailleurs quelques lignas puisées dans ccs pages immondes : Aussitôt que vous apprendrez que l’infâme Louis-Bonaparte a reçu son juste châtiment, quel que soit le jour où l'heure, partez de tous les points à la fois pour le rendez-vous convenu entre plusieurs groupes, et de là, marchez ensemble sur les cantons, les arrondissements et les préfectures, afin d’enfermer dans un cercle de fer et de plomb tous les vendus, qui, en prêtant le sermen, se sont rendus complices des crimes de leur maître. Purgez une bonne fois la France de tous les brigands quelle nourrit et qui la rongent. Depuis quatre ans, vous avez appris b les connaître ; lorsque luira le jour de justice , que ni votre cœur ni votre bras ne faiblissent, car vos ennemis généreusement épargnés redeviendraient bientôt vos persécuteurs et vos bourreaux. Laissez la police et les parasites de tous les temps travailler à la guirlande impériale, et vous, préparez le chanvre vengeur. Qui, la nuit, le jour, au milieu des foules comme dans l’ombre, reconnaissez-vous, organisezvous, fortifiez-vous ; que chacun vive dans tous et tous dans chacun; qu’une foi commune vous anime, la foi révolutionnaire, implacable, persévérante, hardie comme celle de nos pères de 92, et toujours j iule à se lever, à frapper. Le Français digne du nom de citoyen ne sait pas, ne veut pas savoir s'il y a quelque part des semblans de scrutin, des comédies de sud rage universel et des parodies d appel à la na tion ; il ne s’informe pas s’il y a des hommes qui votent et des hommes qui font voter ; s’il y a un troupeau qu’on appelle le Sénat, et qui délibère, et un autre troupeau qu’on appelle le peuple, et qui obéit : il ne s’informe pas si le pape va sacrer, au maître-autel de Notre-Dame, l’homme qui — n’en doutez pas , ceci est l’avenir inévitable — sera ferré au poteau par le bourreau; en présence de M. Bonaparte et de son gouvcrncmpul, le citoyen digne do ce nom, ne fait qu’une chose et n’a qu’une chose à faire : charger son fusil et attendre l’heure. Vive la République ! Les proscrits démocrates socialistes de F rance résidant à Jersey, et réunis en assemblée générale, le 31 octobre 1852. Pour copie conforme : La commission , Victor Hugo , FoMBERTAUX, Philippe Faure. Nous ne ferons aucune réflexion : tout commentaire serait superflu. Voici maintenant la protestation du comte de Chambord. Nous publierons en regard le texte d’une pièce historique, extraite du carnet d’un vieux soldat de File d’Elbe. L’Empereur s’élancait de File d’Elbe cl touchait au sol sacre de la pairie , au Golfe Juan ; sur le pont de la frêle embarcation qui emportait César et scs amis , il dicta cette proclamation que nous reproduisons pour toute réponse. La France jugera....
À propos
Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.
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