Extrait du journal
notre Constitution politique. Examinons quel en est l’esprit. Dans notre pays, monarchique depuis huit cents ans, le pouvoir central a toujours été en s’augmentant. La royauté a détruit les grands vassaux ; les révolutions elles-mêmes ont fait disparaître les obstacles qui s'opposent à l’exer cice rapide et umforme de l’autorité. Dans ce pays de centralisation , l’opinion publique a sans cesse tout rap porté au chef du gouvernement, le bien comme le mal. Aussi, écrire en tête d’une charte que ce chef est irres ponsable, c’est mentir au sentiment public, c’est vouloir établir une fiction qui s’est trois fois évanouie au bruit des révolutions. La Constitution actuelle proclame, au contraire, que le chef que vous avez élu est responsable devant vous ; qu’il a toujours le droit de faire appel à votre jugement souverain, afin que, dans les circonstances solennelles, vous puissiez lui continuer ou retirer votre confiance. Etant responsable, il faut que son action soit libre et sans entraves. De là l’obligation d’avoir des ministres qui soient les auxiliaires honorés et puissants de sa pensée, mais qui ne forment plus un conseil responsable, composé de membres solidaires, obstacle journalier à l’impulsion particulière du chef de l’Etat, expression d’une politique émanée des chambres, et par là même exposé à des chan gements fréquents qui empêchent tout esprit de suite , toute application d’un système régulier. Néanmoins, plus un homme est haut placé, plus il est indépendant, plus la confiance que le peuple a mise en lui est grande, plus il a besoin de conseils éclairés, cons ciencieux. De là la création d’un conseil d’Etat, désor mais véritable conseil du gouvernement, premier rouage de notre organisation nouvelle, réunion d’hommes pra tiques élaborant des projets de loi dans les commissions spéciales, les discutant à huit clos, sans ostentation ora toire, en assemblée générale, et les présentant ensuite à l’acceptation du corps législatif. Ainsi le pouvoir est libre dans ses mouvements, éclairé dans sa marche. Quel sera maintenant le contrôle exercé par les assem blées t Une chambre, qui prend le litre de corps législatif, vote les lois et l’impôt. Elle est élue par le suffrage universel , sans scrutin de liste. Le peuple choisissant isolément chaquecandidat, peut plus facilement apprécier le mérite de chacun d’eux. La chambre n’est plus composée que d’environ deux cent soixante membres. C’est là la première garantie du calme des délibérations, car trop souvent on a vu daus les assemblées la mobilité et l’ardeur des passions croître en raison du nombre. Le compte-rendu des séances qui doit instruire la na tion n’est plus livré, comme autrefois, à l’esprit de parti de chaque journal ; une publication officielle, rédigée par les soins du président de la chambre , eu est seule per mise. Le corps législatif discute librement la loi, l’adopte ou la repousse ; mais il n’y introduit pas à l’improviste de ces amendements qui dérangent souvent toute l’économie d’un système et l’ensemble du projet primitif. A plus forte rai son n’a-t-il pas celte initiative parlementaire qui était la source de si graves abus, et qui permettait à chaque dé puté de se substituer à tout propos au gouvernement, eu présentant les projets les moins étudiés, les moins ap profondis. La chambre n’étant plus en présence des ministres , et les projets de loi étant soutenus par les orateurs du con seil d’Etat, le temps ne se perd pas en vaines interpella tions, en accusations frivoles, en luttes passionnées dont l’unique but était de renverser les ministres pour les rem placer. Ainsi donc, les délibérations du corps législatif seront indépendantes; mais les causes d’agitations stériles au ront été supprimées, des lenteurs salutaires apportées à toute modification de la loi. Les mandataires de la nation feront mûrement les choses sérieuses. Un autre assemblée prend le nom de sénat. Elle sera composée des éléments qui, dans tout pays, créent des influences légitimes: le nom illustre, la fortune, le talent et les services rendus. Le sénat n’est plus, comme la chambre des pairs, le pâle reflet de la chambre des députés, répétant à quelques jours d’intervalle les mêmes discussions sur un autre ton. Il est le depositaire du pacte fondamental et des libertés compatibles avec la Constitution ; et c’est uniquement sous le rapport de» grands principes sur lesquels repose...
À propos
Lancé sous le titre Le Drapeau tricolore en 1832, ce journal de Chalon-sur-Saône devient le Courrier de Saône-et-Loire en 1840. En 1921, il absorbe le Journal de Saône-et-Loire et l'intègre à son nom en 1947 pour donner Le Courrier, Le Journal de Saône-et-Loire. Depuis 2000, le titre est publié à nouveau sous le nom Journal de Saône-et-Loire.
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