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Courrier du Berry, 23 février 1880

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Courrier du Berry
23 février 1880


Extrait du journal

commencement, avaient porté des lois pour permettre le divorce en certains cas, qui n’étaient point nombreux ; ce pendant on reconnut bientôt qu’en raison de l'affinité des choses semblables le nombre s’en était tellement accru en Allemagne, en Amérique cl ailleurs, que ceux qui n’étaieôt pas fous jugèrent qu’il fallait souverainement déplorer cette infinie dépravation des mœurs et qu’on ne pouvait tolérer davantage la témérité des lois. 11 n’en alla pas autrement dans les villes de nom catholique : si parfois on y donna lieu sux ruptures de mariages, les inconvénients qui s'en suivirent furent tels que leur nombre ont bientôt raison de l'opinion des législateurs. Car un grand nombre en vinrent à ce crime d’appliquer leur esprit à toute malice et à toute fraude, et au moyen de sévices, d’injures et d’adultères, de forger des cas pour pouvoir impunément dissoudre les liens de l’union conju gale comme leur causant trop d'ennui. Et cela était”telle ment au mépris do l'honnêteté publique, que tous jugèrent nécessaire de travailler au plus tôt à corriger les lois. Et qui pourra douter que des lois favorables au divorce auraient des suites également misérables et désastreuses si, d’aventure, elles étaient remises en usage dans notre temps Assurément il ne saurait y avoir, dans les inter prétations ou les décisions des hommes une faculté telle qu’ils puissent changer le caractère naturel et la naturelle conformation des choses ; c'est pourquoi ceux-là comprennent peu sagement la félicité publique qui croient qu’on peut impunément bouleverser la raison première du mariage et qui, en raison de la sainteté que la religion et le sacrement ont ajoutée au mariage semblent vouloir détruire et déformer le mariage plus honteusement que n'avaient accoutumé de faire les gentils eux-mêmes dans leurs institutions. C'est pourquoi, à moins qu’ils ne changent de dessein, les familles et la société humaine devront toujours redou ter pour elles d’être misérablement jetées dans ce combat et bouleversement de toutes choses qui a été projeté dès longtemps par des bandes désastreuses de socialistes et de communistes. Par où il est clair qu’il est étrange et absur de de demander le salut public au divorce, lequel entraî nera certainement, au contraire, des conséquences terri bles pour la société. Il laut donc reconnaîtra que l’Eglise catholique a bien mérité de tous les peuples par le soin quelle a toujours mis à protéger la sainteté et la perpétuité des qniûîis,:,et, on lui doit une grande reconnaissance d avoir, il y a cent ans, réclamé ouvertement contre les lois civiles qui renfer maient de nombreuses fautes eu ce point; d’avoir frappé d'anathème 1 abominable hérésie des protestants sur le divorce et la répudiation ; d’avoir condamné à plu sieurs reprises certains cas de dissolution de mariage adop tés par les Grecs; d’avoir prononcé la nullité des mariages formés sous cette condition qu’ils pourraient être dissous ; d’avoir enfin rejeté dès le commencement les lois impériales qui favorisaient le divorce et la répudia tion. Les souverains Pontifes, tou.es les fois qu’ils ont résisté aux princes les plus puissants, demandent a l’Eglise, sous les plus graves menaces, de ratifier les divorces qu'ils avaient faits, ont pensé défendre ainsi la cause, non-seule ment de la religion, mais de l’humanité elle-même. Aussi la prospérité tout entière admirera, comme un témoignage de leur courage, les sentences rendues par Nicolas Ier con tre Lotliaire; par Urbain 11 et Pascal 11 contre Philippe 1er, roi de France: par Célestin III et Innocent 111 contre Al phonse de Léon et Philippe 11, roi de France ; par Clément Y1I et Paul lll contre Henri VIII : enfin par le très saint et très courageux pontife Pie Vil contre Napoléon Ier, exalté par ses succès et la grandeur de son empire. Ainsi donc, si tous les souverains, si tous les adminis trateurs des affaires publiques avaient voulu suivre la rai son, la sagesse, l’utilité des peuples, ils auraient dù pré férer garder intactes les saintes lois du mariage, et offrir leurs concours à l'Eglise pour la protection des bonnes mœurs et la prospérité des familles, que de suspecter l’E glise, de lui déclarer la guerre et de l’accuser faussement et iniquement d'avoir violé le droit civil. D'autant plus que l’Eglise catholique ne pouvant sur aucun point abandonner la sainteté de son devoir et déserter la défense de son droit, a coutume d’être portée à la bienveillance et à l’indulgence en toutes les matières qui sont compatibles avec l’intégrité dé ses droits et la sainteté de ses devoirs. C’est pourquoi elle n'a jamais rien décrété sur le mariage sans avoir égard à l’état de la socité civile et à la condition des peuples ; et a plusieurs fois adouci, lorsqu’elle l'a pu, les rigueurs de ses lois, lorsqu’il y avait pour le faire des causes graves ei justes. Elle n'ignore pas et reconnaît volontiers que le sacre ment de mariage ayant pour objet la conservation et l'ac croissement de la société humaine, a des relations néces saires et des points de contact avec les a flaires humaines, qui sont, au point de vue civil, la conséquence du mariage, affaires qui sont soumises au mariage et à la connaissance de ceux qui sont chargés des intérêts publics. Personne ne peut douter que Jésus Christ, le fondateur de l’Eglise, n’ait voulu que le pouvoir religieux fût distinct du pouvoir civil, et que l'un et l’autre fut libre et conforme à l'accomplissement de sa mission ; il faut, toutefois, ajouter qu'il est utile à l’un et à l’autre, et l’intérêt de tous les hommes demande que l’union et la concorde s’é tablissent entre eux, et que, dans les questions qui, pour divers motifs, sont communes aux droits et au jugement des deux, celui à qui les choses humaines ont été con fiées doit opportunément et rationnellement dépendre de celui qui a la garde des choses célestes. Par cet arrangement et cet accord, non-seulement on arrive à une organisation parfaite de chaque pouvoir, mais encore on trouve le moyen le plus opportun et le plus efficace de faire le bonheur du genre humain en ce qui louche à l’action de la vie et à l'espérance de la vie éter nelle. Car. de même que l’intelligence de l’homme, ainsi que nous l’avons démonIré dans nos précédentes Ency cliques, lorsqu’elle accepte la loi chrétienne, en reçoit une grande élévation et une force considérable pour éviter et repousser les erreurs, de même la loi reçoit de 1 intelli gence un accroissement notable. Pareillement, si l’auto...

À propos

Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa Le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devint Le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher. Il traitait en quatre pages de toutes sortes d’actualités (littéraires, agricoles, scientifiques et politiques) et soutenait une ligne favorable à ce qu’il nommait une « monarchie chrétienne et tempérée ».

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