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Courrier du Berry, 25 juin 1877

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Courrier du Berry
25 juin 1877


Extrait du journal

Toute la séance d’avant-hier au Sénat peut se résu mer dans le discour» de MM. Jules Simon et de Broglie. A quoi bon parler de la divagation lyrique de M. Victor Hugo el de l'amplification macaronique de M. Bérenger ; laissons ces deux honorables, ils furent l'un et l'autre mieux inspirés parfois; il faut tenir compte de leur tempérament, passer parfois un peu de ridicule à celui qui fut souvent sublime, et pardonner ses longueurs de parole à celui qui a su prouver à l'oc casion que ses actes valaient mieux que ses discours, M. Jules Simon a plaidé. Les artistes y prendront goût, car le morceau est friand ; les esprits politiques ne se sentiront pas disposés à penser que ce soit ce discours qui rende à M. Jules Simon les portefeuilles qu’il a perdus et le prestige qui s’est envolé. Que reste—il de ee discours, comme de celui de tous ses collègues en haute et basse république, après le magistral discours de M. le duc de Broglie? On lira ce magnifique exposé des mobiles politiques qui ont provoqué l’acte du 54 mai. Avec une largeur de vue, une ampleur de style, une vigueur d’argu mentation que M. le duc de Broglie avait rarement atteintes, il a rappelé l'origine de la Constitution, exposé les preuves d'impuissance el d'incapacité fournies par la Chambre, remis au jour les programmes du radica lisme, opposé le glorieux soldat de Magenta et de Keischoffen, au fou furieux de Bordeaux, au dictateur de l'incapaciti1. Mais eu écoutant le duc de Broglie, plus on se sentait disposé à trouver justes les déclarations qu’il portait à la tribune, plus, d’autre part, on regrettait que certains de ses amis et lui n’aient pas su compren dre, il y a deux ans, quel serait le résultat de la politique de concessions et de compromissions qui les portait ii accepter la Constitution républicaine. De quoi souffrons-nous aujourd’hui. De l’illusion qui s'était emparée de tant de conservateurs ; ils croyaient que leur bonne volonté el leurs énergiques déclarations suffiraient pour maintenir la République dans la voie où ils avaient voulu l'engager. Ou sait ce qu'il est advenu. La situation actuelle est le résultat d’un faux point de départ ; rien ne justifie mieux les résistances que les royalistes opposaient à ceux qui voulaient tenter l’aventure républicaine, et qui croyaient que Us conséquences ne découleraient pas du principe ; que les formules constitutionnelles seraient plus fortes que la logique républicaine, el que le mot de République placé en tôle de la Constitution suffirait pour calmer les ardeurs, étouffer les passions, assouvir les appétits révolutionnaires. Ces réserves faites, on ne peut qu’admirer cette splendide page qui fait honneur à la tribune française; lorsqu’on écoute un pareil langage élégant, sans affé terie», ferme sans violences, élevé sans enflures, précis sans sécheresse, on est poité, malgré soi, fx comparer ce modèle de discours parlementaire aux harangues brutales, hérissées, outrées de M. Gambetta; l’ancien langage parlementaire tombe en décadence, comme toute chose, hélas 1 On a transformé la tribune...

À propos

Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa Le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devint Le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher. Il traitait en quatre pages de toutes sortes d’actualités (littéraires, agricoles, scientifiques et politiques) et soutenait une ligne favorable à ce qu’il nommait une « monarchie chrétienne et tempérée ».

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