Extrait du journal

CHAPITRE 1«. — UNE CHASSE BIZARRE. Une des rares routes praticables aux voilures, qui relient la Fiance à l’Espagne, conduit vers le midi, de Bayonne à la forteresse de Vitoria. Quand on prend celte route, on Easse par une des plus sauvages contrées des Pyrenuées. à il u’est nulle pari question de culture ; et celle-ci, serait du reste peu récompensée dans ce pays tout cre vassé. Des forêts et des broussailles, couvrent les collines; et plus loin les pointes et les sommets des montagnes, s’élèvent à de telles hauteurs, que c’est à peine, si la neige y fond pendant l’été. Des chèvres et des moutons, la richesse des habitants, grimpent sur le versant de ces montagnes; et le berger, qui drapé, pittoresquement dans de misérables guenilles, s’appuie contre un orme ou un laurier, offre ju>que dans sa pauvreté et sa nonchalance l’image de celle fière nation, qui du sommet de sa grandeur dictait les lois aux deux mondes. Du reste, tout est tranquille dans ces gorges; et ce pro fond silence, u’est interrompu, que par le murmure d’un terrent, qui. alimenté par la neige fondue se creuse un lit entre les murs de granit, et se précipite par les crevasses dans les bas-fonds du pays; ou par le cri rauque d’un oiseau de proie tombant sur son butin. Le long de la roule, seulement, règne une certaine ani mation. Là, après avoir franchi les frontières espagnoles, ou rencontre de temps en temps des tavernes, qui offrent, aux touristes habitués aux hôtels civilisés, un extérieur peu attrayant, et même redoutable. Ce sont de petites haciendas de couleur sale, entourées d’un potager et de quelques champs qui, uu au moins, témoignent du semeur, si ce n’est de la charrue. A la porte, l’aubergiste est assis sur uu tronc d'arbre coupé, fumant une pipe en bois ou une cigarette, avec l’allure d’un grand d'Espagne admis dans...