Extrait du journal
RAPPORT AU PRINCB PRÉSIDENT DB LA RÉPUBLIQUE FRANÇAIS*. Paris, le 15 février 1858. Monseigneur, Le temps et l’expérience de la guerre, en Algérie, ont consacré quelques principes dont votre Gouvernement, justement préoccupé des grands intérêts qui se rattachent à cette question, veut poursuivre 1 application successive. L’un des plus féconds de ces principes, au point de vue militaire proprement dit, comme au point de vue écono mique, est celui de la permanence appliquée aux troupes formant cette portion de l’armée. Le raisonnement suffirait pour démontrer que des hommes préparés par un long séjour à subir les épreuves du climat, à prendre part à des luttes où la force physi que, la force morale et l’habitude ont une valeur considé rable, où le soldat est beaucoup plus individualisé que dans toute autre guerre et réduit à chaque instant aux ressources qu’il trouve en lui-même, sont les seuls qui soient en mesure d’accomplir utilement l’œuvre difficile et laborieuse que la France poursuit en Algérie. Mais les faits ont confirmé la théorie d’nne manière éclatante. Le rôle que le régiment des zouaves et les régiments de chas seurs à cheval d’Afrique ont joué dans l'œuvre de la con quête et qu’ils jouent tous les jours dans l’œuvre de la pa cification a été apprécié par tous. Ils sont, par le fait, de véritables corps d’élite, fonctionnant dans cette guerre à la manière des réserves appelées à trancher les questions militaires les plus difficiles, ayant un passé et des traditions dont ils sont fiers et auxquels ils doivent un esprit de corps très-solide et tout algérien. Les bataillons d infanterie lé gère d Afrique, dont la composition spéciale a particuliè rement pour objet de purger les corps de l’armée d hom mes que de mauvais antécédents et un caractère indisci pliné ne permettent pas de laisser abandonnés aux loisirs de la garnison, ont été appliqués avec succès à la guerre d’Afrique et ont rendu de grands services toutes les fois qu’ils ont été énergiquement et habilement commandés. En présence de ces faits, on peut regretter que la France ait si longtemps tardé à multiplier dans son armée d’Afrique les créations permanentes. Après une occupa tion de vingt années, elle devrait peut-être n’avoir au jourd'hui dans ce pays que des corps organisés à la ma nière des zouaves et des chasseurs d’Afrique. Suppléant à la quantité par la spécialité, elle aurait pu restreindre dans une proportion notable le chiffre des régiments qu elle y entretient actuellement, se réservant d’appeler momentanément en Afrique, dans des circonstances d’une gravité exceptionnelle, et qui deviendront de plus en plus rares désormais, des régiments pris dans les garni sons de l’intérieur. Ainsi les considérations d'économie que soulève la question ne sont pas moins importantes que les considé rations d’ordre militaire. Elles tendent à la réalisation du problème, jusqu’à présent si difficile à résoudre sans dommage pour la question algérienne, d’une réduction de l’effectif. Mais d’autres économies encore plus consi dérables, parce qu’elles sont de tous les jours, se pro duiront dans la pratique. Ainsi un régiment venant de France en Algérie doit subir, avant d’arriver à l’état de régiment fait, des transformations ruineuses pour le tré sor, et qui se traduisent par des entrées souvent répétées dans les hôpitaux, par des évacuations sur France, des congés de convalescence, et enfin un mouvement de personnel dans lequel entre souvent, pendant les pre mières années, la presque totalité de l’effectif sous les armes. Le principe de la permanence appliqué à une plus grande partie des troupes d’occupation aura pour effet de restreindre, dans une certaine mesure, mais non pas d’arrêter le mouvement d’échange entre l’Algérie et la France, qui fait incessamment rentrer dans l’armée de l’intérieur des soldats et surtout des cadres propres à l’action et rompus aux fatigues de la guerre. L’Algérie sera plus sérieusement en mesure de se suffire à ellemême, sans pouvoir cependant se dispenser de recourir à la métropole pour compléter le chiffre de sou effectif, qui sera longtemps encore très-élevé. Ces considérations me conduisent à vous proposer de décider que la portion permanente de l’armée d’Afrique sera augmentée de deux régiments de zouaves. Elle serait alors composée comme suit : Trois régiments de zouaves. .... 9 bataillons. Trois bataillons d’infanterie légère d Afrique I Trois bataillons de tirailleurs indigènes.. 3 Deux régiments (légion étrangère). . . 6 "îî Quatre régiments de chasseurs d’Afri que 24 escadrons. Trois régiments de spahis (i). ... 17 TT En vue de réaliser ce projet avec économie, et pour éviter autant que possible de soulever des questions de budget trop difficiles à résoudre, l’organisation des nou veaux régiments de zouaves, et l’augmentation spéciale d’effectif qu’elle comporte, en sous-officiers et soldats, seraient faites au moyen d’un prélèvement sur l’effectif général de l'armée. Les conditions à remplir par les sous-officiers et soldats appelés à concourir à l’organisation de ces deux ré giments seraient déterminées par des instructions spé ciales. r A côté de ces différentes dispositions, viennent se pla cer naturellement celles, depuis longtemps réclamées, qui ont pour objet de donner aux troupes indigènes le com plément d’organisation qui leur manque, et de fortifier, eu ce qui touche l’infanterie, les cadres et l’élément ad ministratif, lesquels, dans l’état actuel des choses, sont reconnus insuffisants. L’ordonnance constitutive de Vinfaoterie indigène, en date du 7 décembre 1841, dispose que les trois bataillons à former dans chacune des trois provinces seront de huit II) Le i" régiment 4e *p*hi» détache un eacadpoe au Sénégal....
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
En savoir plus Données de classification - afri
- afrique
- france
- algérie
- saint-arnaud
- paris
- ide
- oran
- metz
- alger
- marseille
- république française
- journal officiel de la république française
- moniteur universel
- république français