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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 16 octobre 1848

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
16 octobre 1848


Extrait du journal

PARTIE NON OFFICIELLE. INTÉRIEUR. Paris, le 15 octobre. M. Paul Desmazures, avocat à Paris, est nommé chef du cabinet du ministre de 1 intérieur. Le préfet de la Seine et Mme Trouvé-Chauvel rece vront lundi 16 courant, et les lundis suivants. Ce matin, à dix heures, est parti du quai Saint-Ber nard, en face de 1 île Louviers, le deuxième convoi des colons de l’Algérie, composé de six bateaux, et remorqué par le bateau à vapeur le Neptune. L'embarquement avait commencé dès le vendredi, et a duré, sans interruption, jusqu'au moment du départ; ce qui s’explique par le chiffre même des passagers (leur nombre dépasse 800), et par la quantité considérable des bagages. La commission des colonies agricoles, qui apporte, dans l'accomplissement de sa mission patriotique, un zèle infatigable et un dévouement au-dessus de tout éloge, assistait presque tout entière à ce second départ, trois de ses membres en ayant seuls été empêchés par raison de santé. Le président, M. Trélat, a adressé aux colons les paroles suivantes : « Il y a dix-huit ans, 1 armée française faisait la con quête de la terre d’Afrique. Elle y a versé son sang ; vous, mes chers concitoyens, vous arroserez de vos sueurs cette terre fertile. Aux glorieux efforts, aux pé rils et aux malheurs de la guerre va succéder la gloire non moins pure de vos travaux populaires. En remuant laborieusement ce sol si virilement conquis, vous allez élever vos familles et honorer la mère-patrie. a C’est encore la France que vous trouverez dans ces régions lointaines, une France nouvelle qui sera ce que vous saurez la faire. Développez-y les vertus de la famille et le culte de l’amour du pays ; nourrissez vos chers en fants de tous les souvenirs que vous emportez. « Dans celte France à venir que vous allez faire, que vous allez affermir, et qui deviendra puissante et féconde, parlez-leur de notre sainte patrie, qui a les yeux sur vous. « Après les travaux du jour, vous tournerez vos re gards vers elle. Voyez comme elle vient saluer votre dé part ! Cette population immense qui couvre de toutes parts les rives du fleuve, les délégués de nos représen tants, les magistrats municipaux de tous les arrondisse ments de Paris, toutes ces barques qui vous entourent sa luent votre départ. Dieu vous envoie ce cortège, et après lui, et avec le travail qu il vous donnera la force d’accom plir, il fera prospérer vos efforts. « Recevez et conservez ce drapeau que le ministre de la guerre nous a chargés de vous confier. C’est le dra peau de la France, ce sera le drapeau de votre com mune. Vous trouverez autour de lui vos vieux souve nirs; vous y puiserez l’espérance et le courage après la fatigue. « En vous voyant partir, nous ne lui disons pas adieu ; car nous irons le visiter sur notre terre d'Afrique. Dans votre voyage, à votre arrivée et chaque jour, saluez-le de vos meilleures pensées et de vos vœux les plus saints. Rien n’ennoblit le cœur, rien n’élève et n’affermit l'âme, rien n’épure mieux les vertus de famille que les vertus publiques. « A revoir, mes amis. Vive la France! vive la Républi que ! vive la colonie d’Afrique ! » Après M. Trélat, M. l’abbé Durand, curé de l'hospice de la Salpétrière, avant de bénir le drapeau, s’est exprimé en ces termes : « Citoyens, mes frères, « La voix de la religion s’unit à la voix de la patrie pour vous saluer de ses vœux et de ses espérances, quand vous allez sur des terres lointaines chercher un bonheur que vous ne sauriez trouver au milieu des rangs trop pressés de vos concitoyens. « Honneur à la France de ce qu elle appelle Dieu à bénir ses glorieuses entreprises ! « C’est une grande chose que vous allez accomplir; il vous en coûte un douloureux sacrifice ; vous quittez la patrie, et la douleur est vivement sentie par ceux qui res tent comme par ceux qui partent ; mais vous retrouverez le drapeau victorieux de la France ! Vous allez fonder une nouvelle France ! « Vous allez aussi, missionnaires de la civilisation, porter sur la terre d’Afrique les institutions de la France, et initier ces peuples encore barbares à tous les progrès qui sont le privilège des nations chrétiennes. « N’oubliez pas de planter la croix à côté du glorieux drapeau de la France. C’est l’Evangile qui a civilisé le monde, détruit la servitude et jeté dans les âmes ces sen timents de fraternité qui, après avoir germe longtemps, doivent enfin produire tous leurs fruits. « Pratiquez les devoirs de la famille et de la religion, et Dieu bénira votre entreprise ; vous ferez bénir le nom français. Vous attirerez aux douceurs de la civilisation ces Arabes que nos armes ont vaincus, mais que nos bienfaits et vos exemples peuvent seuls nous attacher. « Courage, citoyens, mes frères ; votre départ a lieu sous d'heureux auspices; la sollicitude maternelle de la République vous garantit un heureux voyage. Nous vous suivrons de cœur, et nos prières réitérées chaque jour pour vous attireront les faveurs du ciel. « Quand vous serez arrivés dans ce pays d’Afrique, vous y trouverez des apôtres de l’Evangile ; ce sont des frères qui seront là pour encourager vos efforts, bénir vos succès, partager au besoin vos épreuves, et plutôt, mille fois plutôt, s’associer à vos espérances et à vos joies. » Le drapeau, portant le nom de la commune de SaintLeu et la date du départ de Paris, a été confié par le pré sident de la commission, au nom de M. le ministre de la guerre, à l'un des colons, François Prudhomme, jardinier et ancien soldat au 24* léger....

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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