Extrait du journal

idées à l’endroit des livres qu’on lit en chemin de fer, témoin cette jeune .dame, ma voisine. Vous l’avez vue; elle n’a pas perdu une phrase, pas un mot de l’ouvrage qu’elle tient. Elle ne s’inter rompt même pas au milieu de tout ce bruit qui se fait dans cette gare, autour d’elle* Que dites-vous maintenant de cette distraction de voyageurs dont vous me parliez tout à l’heure ? — Ma théorie a tort, je l’avoue, reprit mon in terlocuteur ; elle n'est pas infaillible; comme toutes les théories, elle a ses cas d’exception, et celui-ci est particulièrement remarquable; je n’ai jamais vu personne aussi complètement absorbé par la lecture d’un roman. — Un roman ! mais qui vous fait croire, je vous prie, que cette dame lit un roman ? — J’en suis sur; l’attention ardente qu’elle y porte d’abord, et puis n’avez-vous pas vu le for mat du volume ? C'est un de ces in-douze assez forts ; beau papier, petite justification, divisé en une foule de chapitres très-courts. Quelque étude moderne de passion brûlante qui porte un petit nom de femme au premier feuillet. Vous avez re marqué du reste cette enveloppe de papier blanc? — Qui protège la couve: tare du livre ? Parfaite ment. — Mais non, qui cache le titre de l’ouvrage; je ne me trempe pas, allez 1 Je connais mon person nel de lecteurs ; je flaire le sujet d’un livre sur les moindres indices, et, quant à cette jtuue dame, je n’aurai pas l’indiscrétion de l’embarrasser en lui demandant le titre du roman qu’elle lit. Croyezvous que je ne sache pas aussi quel «st l’ouvrage qu’a pris ce monsieur à besicles après avoir achevé son journal? Mes yeux sont tombés par hasard, et...