Extrait du journal

plus difficiles ? Le maréchal a promis de garder, pendant sept annèès la présidence de la République; on peut être certain que la République n’a rien à craindre de lui. Il aime son pays : les plus ombrageux des patriotes peuvent avoir la conviction que, sous aucun prétexte, l'ordre moral ne sera troublé sous lui et les conservateurs les plus timorés sont certains qu’il saura faire respecter l’ordre matériel que personne n’a lu droit de troubler. D’où donc peuvent venir les dangers qu nous menacent ? Quels fondements ont les craintes qui se manifestent de toutes parts et quels remèdes peuvent en conjurer les effets ? Il suffit d’un peu de calme dans l'esprit et de modération dans les idées pour se rendre un compte exact de la situation. Le Président actuel de la République, issu d’une assemblée essentiellement con servatrice, ne pouvait évidemment, sans mentir à son origine, s’appuyer sur la mi norité ni compromettre, des le premier jour les espérances qui s’étaient groupées autour de lui, par une politique immédia tement et violemment progressiste. De là, la nécessité indéniable de la constitution d’un ministère qui ne répondait sans doute pas aux impatientes ardeurs de la masse du pays, mais qui du moins représentait, autant qu’il était possible dans les circons tances données, les tendances générales de l’Assemblée nationale. Mais la modération du ministère, ses agissements réactionnai res, si l’on veut, ont pour contrepoids la parole même du myéchal qui a déclaré ne rien vouloir changer aux institutions exis tantes et prétend prendre au sérieux, comme il convient au chef du gouverne ment de la France, les pouvoirs qui lui ont été conférés sur le terrain de la République, conservatrice de tous le* intérêts et de tous les droits légitimement acquis. L’existence de cette forme de gouverne ment, qui est un idéal pour lesuns, un pisaller pour les autres, et une situation de fait acceptée par tous, étant mise en dehors de la discussion, quel est donc le remède au malaise qui nous paralyse et nous ronge? Ah! nous l’indiquerons plus facile ment hélas ! que nous n’espérons le voir employé. Il est dans l’oubli des discordes et des haines, dans l’abdication des partis, dans la sincérité de la réconciliation, dans l'abandon absolu de toute arrière-pensée, soit d’une restauration monarchique inac ceptable, soit de précipitation aventureuse dans la réalisation de théories plus complaisammentcaresséesquemûrementétudiées, et dans l’effacement complet des personnes devant les principes.U faudrait que les mots de combat, de vainqueurs et do vaincus, de réactionnaires et de démagogues, et tant d’autres expressions excessives et irri tantes, disparussent à tout jamais du lan gage politique ; il faudrait que chaque parti, en exigeant des concessions du parti contraire, consentît à en faire lui-même afin d’en pouvoir obtenir, et que tous les citoyens, mettaut au-dessus de leurs pas sions, de leurs rancunes, de leurs griefs et surtout de leurs ambitions, le seul amour du pays, n’eussent qu’un effort, qu’un but, qu'un objet : le relèvement de la France. Noussommesconvaincus,pour notre part, que si tous, gouvernants et gouvernés, étaient pénétrés de ces vérités, les nuages qui obscurcissent l'avenir se dissiperaient, non point en un jour, mais au fur et à me sure des sacrifices accomplis, et que la France ne tarderait pas a reprendre son rang, sa prospérité, sa grandeur. C’est le souhait le plus patriotique que nous puissions formuler à l’ouverture de cette année nouvelle, et auquel nous sommes sûrs que tous les bons citoyens n’hésiteront pas à s’associer....