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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 11 septembre 1853

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
11 septembre 1853


Extrait du journal

beauté, ses talens , et surtout sa fortune , les partis ne devaient pas lui manquer. A cette époque , le vieux comte de Ganges, le père du comte actuel, venait de mourir en laissant des affaires assez embrouil lées. Une partie de la terre de Saint-Léger n'était pas encore payée, et le fils, criblé de dettes lui-même, grand ami du plaisir et de la dépense , se trouvait fort embarrassé pour combler le déficit de la succession paternelle. On lui suggéra la pensée d’un riche mariage, et on le présenta a la fille du fournisseur. Malgré l'origine peu ho norable de la fortune de l'héritière, le jeune comte n’eut garde de laisser échapper cette occasion de relever l'ancienne splendeur de sa famille. A cette époque rien ne pouvait encore faire prévoir le retour de la dynastie bourbonienne ; la vieille noblesse devait souvent céder aux impérieuses nécessités de sa position. Gustave de Ganges passa donc aisément sur la naissance peu relevée de la jeune demoiselle et s’efforça de lui plaire. Cela ne lui lut pas dif ficile ; il était beau, bien fait, plein d'esprit, de grande famille ; il avait les manières charmantes que donne 1 habitude du monde ; la petite campagnarde fut éblouie d'abord , et finit par éprouver un sentiment plus tendre que l'admiration. Le mariage ne rencon tra donc pas de difficultés sérieuses, et se conclut à la satisfaction apparente des deux partis. Les jeunes époux , retirés à Saint-Léger, goûtèrent un bonheur sans mélangé pendant plusieurs années. Léocadie adorait son mari qui la comblait d’égards et qui lui consacrait tous les instans qu’il ne passait pas à la chasse. Mais 4814 arriva ; la caste à laquelle ap partenait M. de Ganges revint au pouvoir ; grâce a des a mis puissans , il obtint une charge à la cour. Dans cette situation nouvelle, la comtesse était un obstacle à l’élévation de son mari. On fit en tendre à celui-ci que la fille de l’ancien Riz-Pain-Sel des armées impériales ne pourrait être reçu au cercle des princesses. Une jus tice à rendre au comte , fut qu’il hésita d’abord entre 1 ambition et sa femme ; mais l'ambition l’emporta. Il laissa Mme de Ganges à Saint-Léger, en promettant de lui consacrer tous les congés qu’il pourrait obtenir, et alla s’établir à Paris. On répandit le bruit que la faible santé de Mme de Ganges ne lui permettait pas d’affronter l’air épais d'une grande ville et les fatigues de la vie mondaine. Dans les premiers temps, le comte fut très-ponctuel à se rendre à Saint-Léger, chaque fois que son service auprès des princes le lui permettait ; puis son amour pour la chasse semblait l’y rame ner plus fréquemment que son amour pour sa femme ; puis ses visites furent plus rares ; puis enfin il ne vint plus du tout, et le bruit courait qu’il menait à Paris une vie passablement dissipée. C’était alors que 1 humeur de Mme de Ganges avait éprouve ces oscillations singulières , ces dérangemens subits dont nous avons...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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