Extrait du journal

Une telle situation ne peut durer: il y a là une équivoque, c’est-à-dire que l’honorabilité con nue des royalistes supporte le plus difficilement. L'œuvre du 24 mai et du 19 novembre se trouve prise entre deux feux. Il faut faire face des deux côtés, et personne ne voudra déserter ou s’abste nir dans cette seconde partie de la lutte, pas plus que dans la première. Quand il s'agit de com battre M. Thiers, le centre droit n’a pas laissé tout le poids de la lutte à la droite, il n’a pas hésité, il n'a pas craint de rompre d'anciens liens, de s’attirer des rancunes et d'assumer des responsabilités. De même aujourd’hui, qu’il faut résister aux attaques de l’extrême droite, la droite ne laissera pas au centre droit seul la charge du combat. Si la droite refusait son concours pour cette résistance, ce que nous ne voulons pas admettre un instant, — les conséquences sont faciles à prévoir, et il n’est pas inutile de les considérer en face pour que chacun connaisse sa respon sabilité. Ce serait la destruction de l’union conserva trice qui a fait le 24 mai et le 19 novembre, et ui a son expression dans le ministère actuel, e serait donner raison à ces écrivains d’extrême droite qui se vantent tous les jours d’avoir « dis loqué la majorité s et renversé le cabinet. Ce serait également donner raison à ces écrivains de centre gauche qui escomptent déjà la scission, espérée par eux, de la droite et du centre droit. A quelles aventures serait alors livré le pays ? Nous l’ignorons. Mais ce que nous savons bien, c’est que le parti royaliste et toutes les causes qui lui sont chères en seraient les premières victimes. On n'ignore pas quel prix nous attachons à l’accord du centre droit et de la droite. C'est, nous pouvons le dire, tout le fond de notre politique. Nous ne nous adresserons pas avec moins d'in sistance au centre droit, si de son côté l’union venait à être menacée. Aujourd’hui, pour que cette union subsiste, il faut que la droite s'asso cie au centre droit, afin de répudier les violences et de repousser les attaques de l’extrême droite. On ne peut, en effet, tendre en même temps la main à ceux qui veulent respecter les décisions, tenir les engagements du 19 novembre, et à ceux qui insultent ces décisions et provoquent à violer ces engagements. Il faut choisir entre les deux, et faire un choix public sur lequel le pays ne puisse se tromper. . » ...