Extrait du journal

La première session départementale pour l’annee 1874 est ouverte et, depuis quelues jours déjà, se poursuit avec des încients divers, mais d’un réel intérêt pour tous ceux qui attachent aux (manifestations de l'esprit local et régional l’importance qu’elles méritent. On nous pardonnera sans doute d’y arrêter quelques instants l’attention du lecteur. A tort ou à raison, nous pensons que la vie des peuples ne se confine point tout entière dans la politique, et que c'est même un grand malheur pour une nation de se laisser absorber exclusi vement par celle ci. Victime, il est vrai, des vicissitudes et des coups de théâtre im prévus qu’elle comporte, notre pays a peine à détacher ses regards d’un présent trou blé, d’un avenir obscur ; il ressemble à un convalescent que préoccupent sans cesse les phases de la maladie à laquelle il vient d’échapper, qui en analyse minutieusement les causes, ne songe qu’à en prévenir le re tour, s’effrayant du moindre symptôme, s’immobilisant au moindre malaise. Cette contemplation fiévreuse et agitée est mal saine à la longue ; tout ce qui peut nous en distraire, nous ramener aux affaires prati ques et modestement utiles, doit être le bien-venu et le bien accueilli. Les représentants de nos cantons sont à l'œuvre dans les 86 départements qui nous restent ; suivons, de notre côté, leurs trop rapides travaux ; essayons d'en tirer un enseignement qui vaudra bien celui que nous offrent les compétitions de partis et les rivalités d’opinions. La session actuelle des Conseils généraux emprunte à deux circonstances une signi fication particulière : elle est la dernière avant le renouvellement partiel qu'a or donné la loi organique de 1871; terminant la période ternaire que celte loi avait fixée, elle clôt, pour ainsi dire, la première épreuve que devait subir son application. Avant de se réunir à nouveau, les assem blées départementales verront modifier, d’une façon peut-être trèa-considerable, leur première composition : il y aura lieu, en effet, dans un délai maintenant très-pro chain, de procéder à 1,445 élections sur toute la surface de la France. On voit dès lors combien le personnel de la représen tation cantonale peut se trouver changé, si la confiance des citoyens ne suit pas leurs élus d’autrefois dans l’examen auquel vont être soumis leurs actes et leurs services. Considéré comme temps d’épreuve et d’expérience, celui qui nous sépare du vote de la loi organique mérite-t-il un jugement favorable ? Y a-t-il une autre direction à demander aux études, aux dé libérations des conseils ? Les mandataires ont-ils rempli la mission qui leur était confiée ? Les imperfections de la loi ontelles été mises en lumière ? Y a-t-il à re gretter les réformes que nous lui devons ? A-t-elle laissé subsisté, comme on le lui a reproché quelquefois, des lacunes de na ture à paralyser l’initiative locale, à créer des conflits, à embarrasser inutilement l’action du pouvoir central nécessaire au maintien de l’unité et à la sauvegarde des intérêts généraux ? Toutes ces questions se posent; et U y a lieu, avant les scrutins qui vont s'ouvrir, de les examiner et d’y ré pondre. Les promoteurs de la loi de 1871 ont été...