Extrait du journal

— H s’agit, n’est-ce pas, de mes quatrevingt-douze mille francs ?... — De « vos »... Ah ! mille corvettes !... vous savez tout, en effet, mais qui diable a pu vous instruire de ce que nul au monde... — Vous-même, interrompit le peintre. — Moi ?... — Lisez!... Et Sauvain lui plaça sous les yeux la lettre datée de Liverpool. Pierre Toucard y jeta un coup d’œil et rougit légèrement. — Je reconnais l’écriture, dit-il, bien qu’elle soit plus jeune que moi de douze ans ! Mais j’aurais juré qu'elle n’était pas parvenue a son adresse... — Vous vous seriez trompé... — Je suis convaincu, cependant, qu'il y a quatre mois, lorsque j’ai touché cet argent... — Mon argent. — Soit !... Je suis convaincu, dis-je, que vous ignoriez le contenu de cette lettre. — Je l’ignorais encore il y a quarantehuit heures. Et André raconta par quel hasard, en remuant les cendres de son foyer , il avait déterre la clef du coffret et en même temps la clef de tant de mystères. — 11 y a une Providence I dit Pierre en hochant la tète. Tout se découvre \ la jongue. Voyez un peu la belle mine que j’aurais en face de vous, si, dans ma certi tude d’impunité, je n’eusse pas été le pre mier à vous avouer ma faute, car, enfin, je vous ai ruiné. — Ah ! soupira André, l’argent n’est pas ce que j’ai regretté le plus ! — Oui, oui, je devine... et c’est ce qui rend mon crime impardonnable ! Je me suis renseigné, j’ai appris la rupture du mariage et l'enlèvement de Rose par son père, mon pauvre garçon, et c est moi... moi... — Bah ! dit gaiement le pcinlre, nous la retrouverons ! (A tuivre....