Extrait du journal
remparts avec leurs courtines, leurs sail lants, lescrémaillères,les couronnes, les ca semates, sont la preuve vivante de l’énergie du sentiment patriotique qui animait ceux qui ont pris part à ces travaux. En effet, il a fallu qu’ils fussent animés d'une ardeur peu commuuc pour mener à bonne fin ces gigantesques travaux qui ont été inutiles. L’aspect de ces remparts a bien changé ; à l’animation qui devait y régner, il y a quelques jours encore, a succédé une tris tesse morne. Les canons ont presque tous disparu. Çà et là gisent quelques-unes de ces terribles pièces de marine, démontées de leurs affûts, ou la gueule retournée. Je franchis la porte Maillot et traverse le boulevard du même nom, le boulevard de Madrid pour arriver au pont de Suresnes. Que de dégâts, que de richesses perdues, que de bonheur, que de joie envolés ! Combien j’en ai vu de ces habitations, récompenses d’une vie d’honnêteté et de labeur, aujourd’hui détruites, saccagées, pillées! Ces villages où régnaient la gaieté et l’aisance sont maintenant mornes et si lencieux. Ras un cri d’oiseau, pas un pro meneur! Près «lu pont de Suresnus se trouvent trois habitations réservées aux gardes du bois et des promenades et du jardin d’ac climatation. Les portes en sont ouvertes, les carreaux brisés. A l’intérieur, le vide; les murs sont couverts d’inscriptions té moignant de la présence des gantes natio naux. La plupart de ces inscriptions res pirent la haine du régime tombé ! Que de malédictions contre Fauteur de la guerre, contre l'auteur de toutes ces ruines, de tout ce sang versé ! Le pont de Suresnes est détruit. Le génie français a mis le feu au tablier et les fer railles qui le suspendaient sont là, tordues, témoignant de l’intensité de l’élément des tructeur. Sur Faillie rive, se promènent les Prussiens. On me passe en barquette, et après avoir fait viser mon laisser-passer par l’officier de garde, je me dirige dans la direction de Saint-Cloud. Partout sur mon passage, je constate des traces de la dévastation ; il n’est pas une maison qui n’ait été atteinte par des obus. Bientôt une forte odeur «le brûlé et des nuages «le fmnéequi se détachent sur l’ho rizon m’indi(|uent que Saint-Cloud n’est plus loin : depuis deux mois Saint-Cloud brûle, car aujourd’hui encore on a cons taté qu’à plusieurs endroits le feu couvait sous les décombres et. on a vu «les flammes s’en échapper. Pauvre Saint-Cloud ! Quelle ruine ! Seules les maisonnettes en bois établies sous lès casernes n’ont pas souffert. Toutes les autres maisons n'existent plus. Le passage des rues est obstrué par les décombres. On marche sur un immense tas de pierres, de ferrailles.de boiseries,de meubles. C’est affreux. Quant au château, seuls les murs sont restés debout. Le reste n’est qu’un mon ceau de ruines que fouillent les visiteurs et les Prussiens désireux d’y trouver un sou venir de cette habitation. J’ai fait comme ceux ci et j’ai été assez heureux pour mettre la main sur une magnifique assiette de Sèvres, encore intacte et portant au milieu le chiffre impérial surmonté d’une cou ronne. On ne saurait croire ce que ma trouvaille a provoqué de jalousies, car, depuis deux mois, les Prussiens se sont empressés d’emporter tous les souvenirs qui pouvaient encore se trouver dans les ruines de la résidence. Le parc n’a pas souffert. Il est devenu le but des promenades favorites «les Prus siens. Du liant de la terrasse se déroule au regard le plus splendide panorama qu’on puisse rêver. C’est là que les Prussiens sc...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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