Extrait du journal
un vain mot, que le peuple ne la délègue que conditionnelle ment. Mandataires de la France, les députés manquent à leur devoir, en ne sacrifiant pas leurs sympathies, leurs opinions aux vœux indubitables du pays. La discussion de mardi dernier, qui n’a donné au cabinet qu’une faible majorité, n’est sans doute que le commence ment des hostilités. Plus d’une bataille sera encore livrée jusqu’à l’époque des nouvelles élections ; mais, que cette opposition , si pressée de recommencer la guerre aux portefeuilles qu’elle a perdus, tâche de se persuader que le pays ne lui est rien moins que sympathique, qu’il tiendra parfaitement note des vo tes de ses députés, et qu’il saura se faire justice dans un jour très-prochain. — Il n’est pas douteux que l’impôt du sel est un de ceux qu’il serait le plus désirable de réduire et même de supprimer. Le gouvernement tombé en février l’avait reconnu, et il venait, peu de temps avant sa chute, de prendre l’initiative d’un projet de réduction. Pourtant il importe de faire une observation : c’est que la réduction ou même la suppression ne produirait pas tout le bien qu’on en avait d’abord espéré ; l’agriculture est moins intéressée dans l’affaire qu’on ne l’imaginait il y a quelques an nées ; des expériences récentes et des discussions approfondies ont fait tomber bien des illusions à cet égard. En un mot, si l’impôt était réduit à 10 c. par kilogramme, comme le propose la commission, la consommation n’augmenterait pas autant qu’on le supposait alors ; le bienfait ne serait donc pas aussi grand pour l’agriculture, et la perte pour le Trésor serait con sidérable. Au surplus, il est inutile, quant à présent, de discu ter le plus ou le moins d’intérêt que l’agriculture aurait à la ré duction. Nous concéderons tout ce que l’on voudra à cet égard : un point est certain, incontestable, c’est qu’il y aurait perte, perte considérable pour le Trésor : cela suffit pour que la réfor me soit ajournée. Nous prions les partisans de la réforme immédiate de vouloir bien arrêter un instant leur attention sur la situation financière du pays, et de nous dire ensuite si le moment est bien choisi pour priver le Trésor de ces ressources. Notre budget des re cettes n’a jamais atteint, même en temps de prospérité , 1 mil liard 400 millions ; dans le dernier projet de budget présenté par le gouvernement de Juillet, il ne s’élevait qu’à 1 milliard 370 millions, et c’est un chiffre auquel on n’est jamais parvenu. Il ne sera que de 1 milliard 200 millions en 1848, si l’on défal que le produit des 45 centimes. S’il atteint un milliard 300 mil lions en 1849 (en supposant que l’on n’impose pas au pays la charge des impôts nouveaux préparés par les divers ministres des finances qui ont siégé avant M. Passy à l’hôtel de la rue de Rivoli, depuis la révolution de Février), il faudra nous estimer bien heureux , et rendre à Dieu de grandes actions de grâces. Quel est au contraire notre budget des dépenses? Le dernier, celui qui va finir avec l’année, dépasse 1 milliard 800 millions. Celui qui a été présenté récemment par M. Trouvé-Chauvel est de 1 milliard 500 millions et demi, et il est déjà démontré qu’il atteindra 1 milliard 600 millions. Ainsi, nous avons 1 milliard 300 millions de ressources régulières fournies par l’impôt; nous avons des charges obligées pour une somme de 1 milliard 500, 600 ou 700 millions, et l’on nous demande de diminuer nos res sources ! Comment appellerons-nous la science de ces financiers? Dieu nous préserve de concevoir la moindre inquiétude et de vouloir en inspirer aux autres. Rien n’est plus éloigné de notre pensée. Le crédit se relève, et nous espérons bien le voir se re lever chaque jour davantage. Quelles que soient les difficultés présentes, nous en sortirons ; quelles que soient les charges lé guées par la révolution au gouvernement, la France est, il faut...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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