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Journal de Roanne, 4 octobre 1868

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Journal de Roanne
4 octobre 1868


Extrait du journal

d’être contraint de m’expatrier. Non, ce n’est pas assez j Je dois me mettre à la merci de celle que je viens de faire une seconde fois orpheline ; je veux que Rosier elle-mcme soit l’arbitre de mon sort. Là-dessus, je sortis de ma retraite et me dirigeai dans la nuit vers un certain cabaret dont la porte s’ouvrait à toute heure pour les contrebandiers. J’y demandai une plume, du papier, de l’encre, et, sans même entendre ce que marmottait la servante en core aux trois-quarts endormie, j’écrivis à la liàte ces quelques mots : « Je suis aux Creuniers. Envoie-moi prendre par les gendarmes, ou viens me dire, ce soir, un dernier adieu. » Et je signai ; « L’assassin. » Puis, ma lettre adressée, j’allai la mettre dans la boite de Trouville. — Rosier la recevra dès ce matin, me disais-je en re tournant vers mon refuge ; j’attendrai sa réponse jus qu’au milieu de la nuit prochaine ; si personne ne vient, alors j’irai rejoindre le sloop à Ronfleur ; je m’embarque rai pour l’Angleterre. Ohj! l’Angleterre à perpétuité ! ce sera pire que l’échafaud, ça, pire que le bagne ! Je crois vous l’avoir déjà dit, messieurs, je n’aime pas les Anglais, et encore moins l’Angleterre. Il faisait encore nuit noire lorsque je rentrai dans les Creuniers. Là, j’avais encore vingt-quatres heures à attendre. En voilà des heures qui m’ont paru longues, et dont le souvenir me fait dresser les cheveux ! Des vraies heures de l’enfer, quoi ! Dans les profondeurs souterraines des Creuniers, il me semblait sans cesse entendre des gémissements et des menaces, sans cesse voir passer des démons grimaçants et des spectres ensanglantés. * Si parfois, brisé de fatigue, je fermais lesyeux, les mê mes lamentations, les mêmes fantômes épouvantaient mon sommeil. Puis je me réveillais en sursaut, tout pantelant, tout glacé d’horreur. Ah ! si l’on savait quelles sont les nuits du malheurèux qui a tué son semblable, il n’y aurait plus d’assassins ! Pauvre Jean Le Coq ! pauvre Jean Le Coq ! comme tu te repentis alors, comme tu suppliais le ciel de t’accor der quelques minutes de sursis, un peu de repos, un peu de calme î Mais vainement... vainement toujours ! Il y avait des moments où je voulais m’eùfuir de suite...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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