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Journal de Seine-et-Marne, 1 novembre 1874

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Journal de Seine-et-Marne
1 novembre 1874


Extrait du journal

AIT ÊLECTEIKS DI DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-MARNE (Suite) On objecte qu’un surcroît d'impôts, et surtout de mauvais im pôts, nuit à l’industrie et au commerce. Mais les budgets en défi cit ne leur nuisent-ils pas davantage ? Il suffit de lire les journaux étrangers pour s’en convaincre. Les étrangers s'étonnent de la ré signation et de la facilité avec laquelle nous acceptons et acquit tons les plus lourds impôts, en vue d'assurer l’équilibre de notre budget. Notre résolution, notre courage, sur ce point, gagnent leur continuée et constituent pour nous, à leurs yeux, un titre d'honneur et d'estime, presque d'admiration. Ils en sont venus à nous définir, par opposition à certains autres peuples : un peuple qui paie ses dettes. Cette précieuse réputation de fidélité à tenir ses engagements, quoiqu’il en coûte, s’étend du gouvernement de la France à tous ses enfants. Nos industriels, nos commerçants s'en sont bien aperçus. Dans la crise commerciale que nous venons de traverser, leur qualité de Français leur assurait, à l’étranger, des conditions meilleures que celles qu’obtenaient leurs concur rents. Un cherchait à faire atfaire avec eux; on les préférait, comme répondants, aux représentants de presque tous les autres pays, particulièrement aux Allemands et aux Américains, éprou vés par tant de faillites. Les Anglais même marchaient à peine de pair avec nous. Mieux vaut, à mes yeux, payer quelques mauvais impôts et conserver, à tout prix, cet avantage qui tient, en grande partie, à l'équilibre de notre budget, que de le perdre en laissant tomber notre budget en déticit. Nos commerçants gagneront au premier de ces deux systèmes bien plus qu ils n’v perdront. On objecte encore que le budget n’est pas en déficit, puisque le projet de budget de 1871 prévoyait un amortissement, ou, en d’autres termes, un excédant, destiné à rembourser d'autant la dette publique, de 200,000,000. Cet excédant, dit-on, sera simple ment moins considérable, mais il y aura toujours un excédant. C’est vrai, mais dans un budget public, plus encore que dans un budget particulier, il faut faire une part aux dépenses extraor dinaires ou imprévues ; aujourd'hui, c'est le compte de liquidation, demain, ce sera autre chose. L’expérience prouve que cette réserve doit être environ du dixième du budget. Ce serait donc, en France, 250,000,000. On peut en conclure, en toute assurance, si l’on ne veut pas se faire d'illusions, que le budget est en déticit, si la ré serve, qu'on appelle aujourd'hui fonds d’amortissement, est infé rieure à 200,000,000. Un dit, entin, que des impôts qui pèseraient lourdement sur la population pourraient nuire, dans l’esprit de ceux auxquels manque J inst-uction et la réflexion, à la cause républicaine. Je réponds que ce n’est certainement pas la République qui a rendu ces impôts nécessaires, ni les Républicains qui les ont préférés à d'autres impôts mieux combinés. La responsabilité en retombe, tout entière, comme origine, sur l'Empire qui n augmenté la dette publique d au moins 14,000,uUO,000, dont 10,000,000,000 environ, suites de la guerre, à payer immédiatement ; et, comme applica tion, sur le gouvernement actuel qui ne nous a laissé d’autre al ternative que le vote d'impôts qui nous répugnent, ou le déficit qui doit nous répugner encore plus. ‘ Quant à flatter ou à tromper lu pays, à lui déguiser, dans un but de popularité, les e.Torts, les sacrifices qu’exige la situation, ce sont là des procédés auxquels ne doit jamais descendre le parti républicain. Telles sont les raisons que j'ai développées de mon mieux, sans beaucoup de succès, je dois l'avouer, dans notre réunion de la gauche républicaine. Il n’y avait, d'ailleurs, pas là de question politique proprement dite. Chacun a donc voté suivant son senti ment. Pour moi, en particulier, conformément aux idées que je viens de vous indiquer, j’ai voté, sauf quelques exceptions, toutes les réductions de dépense, tous les impôts proposés par la gauche, et, en désespoir de cause, presque tous ceux proposés par le Gou vernement ou la Commission du budget. J’ai repoussé toutes les propositions avant pour but de diminuer le fonds d’amortissement de 200,000,000. 11 convenait, avant tout, d’essayer de réduire les dépenses. Un certain nombre de membres de la gauche et de l’extrême gauche avaient fait des propositions en ce sens. J’en ai signé plusieurs ; je les ai toutes votées. Quelques membres de la droite, et surtout de l’extrême droite, se prononcèrent également pour certaines de ces réformes. Malheureusement, tout le centre droit, tous les bo napartistes, presque toute la droite et presque tout le centre gauche, même une partie de la gauche et quelques membres de l’extrême gauche, votèrent contre ; elles furent toutes repoussées. L’Assem blée était, d ailleurs, distraite par d'autres idées. Elle n’avait ni le courage, ni la volonté, de s’occuper de finances. Elle n’écoutait pas les orateurs, et acceptait systématiquement toutes les dépenses que lui proposait le Gouvernement ou la Commission du budget. M. Thiers a été renversé le 24 mai 1873, sous le prétexte qu’il fallait laisser, pour un temps, la politique de côté, et ne plus s’oc cuper que d affaires. Il est remarquable que, depuis ce moment, l’Assemblée n’est attentive qu’aux questions politiques, spéciale ment à celles qui touchent à la forme du gouvernement. Quant aux affaires, elle en est dégoûtée ; elle ne veut plus en entendre parler. Les réductions de dépense que nous proposions s’appliquaient principalement à la diminution des pensions et des traitements de certains fonctionnaires, en particulier des agents diplomatiques, à la réduction des dépenses du matériel de la plupart des administra tions publiques, à la suppression d’un certain nombre de sous-pré fets, de magistrats et d autn s fonctionnaires. Je soutins à la tribune, le 8 décembre, sans succès naturellement, un amendement ayant pour but de supprimer les tribunaux de première instance les...

À propos

Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.

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