Extrait du journal
Bruxelles, 30 juillet. On lit dans le Moniteur : « Le Moniteur s'est tu jusqu'à présent sur les dernières propositions de la Conférence. Organe officiel du gouvernement, la circonspection lui était doublement commandée, dans un moment où quelques paroles imprudentes de sa part auraient pu influer sur les déterminations de la Hollande et augmenter, peut-être , en les compliquant, les difficultés de notre situation extérieure. Comme t arrive presque toujours, ce si lence a été interprêté défavorablement : sans en rechercher ou sans en comprendre les motifs, on l'a tourné contre le ministère, on en a fait le sujet d'une foule d'accusations absurdes et exagérées. Si le langage adopté ces jours derniers par la presse n'avait d'autre inconvénient que celui de calomnier et partant de discréditer auprès du public les déposi taires responsables du pouvoir , le gouvernement, fort de sa conviction, et persuadé que sa position le met seul à même de juger de l'opportu nité du silence qu'on lui reproche , pourrait y persister et n'accueillir qu'avec dédain les attaques que l'on multiplie contre lui. » Malheuieusement, l'expérience n'a que trop appris que l'exagéra tion est contagieuse, et que, si lon ne s'y prend à temps pour l'arrêter, elle est capable de se porter aux plus fâcheux excès. Un journal que l'on dirait toujours atteint d'une fièvre ardente, qui n'a pas su aborder de sang-froid une seule des questions dont la presse a été saisie depuis un an, journal qui, quoi qu'il en ait, doit continuellement sortir des bernes et dépasser le but, est déjà venu justifier nos craintes et nos prévisions. Ses attaques inconsidérées ne se sont pas arrêtées aux ministres ; par un coupable oubli des principes les plus élémentaires du gouvernement constitutionnel, elles ont été dirigées contre un auguste personnage, qui, à défaut de cette garantie légale, aurait dû se trouver couvert par son dévouement non équivoque aux intérêts du pays, intérêts qu'il a si souvent prouvé être inséparables des siens. Nous repoussons avec toute l'énergie, toute l'indignation qu'ils ont justement provoquées de toute part, ces calomnieux soupçons par lesquels on cherche à saper la con fiance nationale dans le trône. » Non, aujourd'hui moins que jamais, le gouvernement ne sera point infidèle à ses devoirs. Il n'est pas vrai qu'il y ait chez lui faiblesse, hé sitation. Qu'on soit tranquille : il n'a pas attendu que la presse se fût expliquée pour se former son opinion à lui sur le dernier acte de la Con férence. Si après en avoir pris connaissance, il ne s'est pas hâté de crier sur les toits ce qu'il en pensait , si les ministres ne sont pas venus s'établir en place publique pour délibérer sur le parti qu'il restait à prendre dans l'intérêt du pays, c'est que les exigences de la politique ne s'accommodent point de ces formes athéniennes , c'est qu'il y a beaucoup plus d'imprudence et de danger qu'on n'en soupçonne dans cette ma nière brusque et précipitée de traiter les affaires de l'Etat. » Au reste, nous comprenons jusqu'à un Certain point, l'inquiétude et l'impatience qui se manifestent depuis quelques jours dans le pays. Tout le monde, et le gouvernement le premier, sent que nous sommes à la veille d'une crise, et que, de manière ou d'autre, les questions encore en suspens vont obtenir une solution. Ce que le gouvernement peut faire dans de telles circonstances pour calmer les esprits et fortifier la con fiance , c'est d'assurer qu'il se trouve en mesure, que les événeraens ne le surprendront pas, et que*les déterminations qu'il a prises sont con formes aux véritables intérêts de la Belgique. Ce qui doit servir à con vaincre les plus incrédules que les résolutions fortes n'effraieront point le gouvernement, c'est l'extrême activité qui continue à régner au dé partement de la guerre. Les ressources militaires du pays s'organisent et se développent avec un ensemble et une rapidité qui promettent, le cas échéant, les plus heureux résultats. Le gouvernement ne demande qu'une chose, eu retour de son zèle et de ses efforts pour le bien public, c'est qu'on ne le traverse pas, qu'on se fie à lui, et qu'on attende, sans trop d'impatience, un dénouement qu'il ose promettre très prochain. » Voici le texte de l'Adresse au Roi, présentée par la garde nationale de Bruxelles : •t Sire ! » A la veille d'événemens que l'état actuel des affaires en Europe ne peut manquer d'entraîner, en présence des nouvelles exigences et des nouveaux sacrifices demandés par la diplomatie, placés comme nation dans l'alternative, ou de subir de nouvelles humiliations , ou de recou rir à la lorce des armes, il est du devoir de tous les citoyens amis de leur pays et de leur Roi, de s'adresser à celui que leur choix a appelé à leur tête, et entre les mains de qui ils ont placé le précieux dépôt de leur honneur et de leur indépendance. Nous le savons, Sire, nous n'avons...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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