Extrait du journal

qu'elle pouvait faire, ta loi d'airain Ses nations modernes, celle qu'ont voulue les •doctrinaires de la Révolution fran çaise, s'exprime par la levée en masse. Celle-ci ne doit pas aboutir à une foule. Elle suppose une organisation militaire telle qu'à l'heure du besoin toutes les res sources de la nation s'ordonnent dans un organisme de guerre. L'efficacité de cet organisme se mesure à sa capacité de vie toire et au temps nécessaire pour le réa liser. Il y a en France d'importants pro grès possibles et nécessaires à cet égard. Nous venons d'accomplir une mobilisation réduite ; nous pouvons dire avec satisfac tion qu'elle a été correcte. Mais quelques détails ont révélé plus d'une imperfection au public le .moins averti, par exemple la tenue tristement comique de réservistes affublés de capotes jadis bleues, de pan talons civils, coiffés d'un calot informe et sans couleur et parfois chaussés d'es padrilles. Il est vraisemblable que d'autres manquements plus graves se sont aussi manifestés. L'erreur capitale consiste à exalter démesurément la valeur de notre armée. En 1870, nous avions, au contraire de ce qu'on s'imagine, une fort belle armée. Seulement, elle n'offrait aucune ; fondation solide à une armée puissante du temps de guerre. Il en est de même, aujourd'hui dans une certaine mesure. Notre armée du temps de paix est belle, mais elle porte mal la charge de l'année mobilisée, qui est toute la nation. Que se serait-il passé si l'Europe avait été entraînée dans la guerre ? Un essai de prophétie me paraît permis. Aucun des deux partis n'eut été susceptible de rem porter une victoire immédiate. Nous nous serions engagés dans la guerre longue, susceptible de toutes les surprises, de toutes les catastrophes politiques, écono miques, sociales. Quant à dire quel eût été le vainqueur final, à supposer qu'il y ait eu un vainqueur, je 11e crois pas que ce soit possible. Hitler le comprenait vrai semblablement, car il semble bien que sa politique ait fait état cle l'armement, non pas encore de la guerre. Mais il n'en sera peut-être pas toujours ainsi. Le danger deviendrait très grand si l'Allemagne pre nait conscience d'une supériorité militaire démesurée vis-à-vis d'un adversaire plus ou moins désarmé. Alors apparaîtrait la possibilité -d'une guerre courte et le rôle de la force grandirait d'autant dans -sa politique. A nous de reviser dans le même sens notre politique, intérieure aussi bien qu'extérieure ! GÉNÉRAL DUVAL....