Extrait du journal
M. Etienne vient de réunir et de publier sous ce titre un certain nombre d'articles qu'il a pu bliés dans le journal le Temps. Il y défend avec beaucoup d'énergie l'institution des Compagnies de colonisation. Nous avons toujours partagé son sentiment sur l'utilité de ces Compagnies. On peut être d'un avis contraire. La question est controversable et a été longtemps contro versée ; mais il est déplorable qu'elle n'ait pas été résolue depuis quinze ans que notre princi pale activité s'est portée vers la politique colo niale et que la France a si considérablement développé son domaine d'au delà des mers. Nous n'avons pas été , constamment d'accord avec M. Etienne sur l'utilité ou sur l'opportu nité de quelques-uns de ces accroissements, non plus que sur la méthode, ou, pour mieux dire, sur l'absence complète de méthode qui y a présidé. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Notre empire colonial est ce qu'il est : la question est de savoir comment il con vient de l'exploiter. M- Etienne estime que c'est surtout par le moyen des grandes Compagnies, non pas que ce moyen soit bon partout, ni qu'il doive pré senter indifféremment les mêmes caractères sur tel point du monde ou sur tel autre; M. • Etienne est le premier à croire et à dire qu'un procédé uniforme ne saurait convenir à l'infinie variété que présentent nos possessions; mais parce qu'il a merveilleusement réussi en tre les mains de nos principaux rivaux, et, que, en somme, c'est d'après le succès qu'il faut juger un système. Le système anglais a fait ses . preuves; le système français a fait les siennes qui sont incontestablement moins satisfaisan tes. Il y a là, ce nous semble, une raison de se déterminer. On a cité à M. Etienne, à l'encontre de sa thèse, l'opinion émise par Napoléon Ior à Sainte-Hélène. L'Empereur était contraire aux Compagnies privilégiées.LePremier Consul l'é tait déjà, et.toutau début de sa carrière, il com battait devant le Conseil d'Etat unë institution qui ne lui paraissait pas laisser assez de place à ; la liberté industrielle et commerciale et à la concurrence. Cette préoccupation est d'autant plus remarquable chez lui qu'il l'a éprouvée -plus rarement. Avons-nous besoin de dire que Napoléon, avec la précision et la force de son esprit, donne les moins mauvais arguments possibles contre les Compagnies privilégiées ? Malgré cela, ils ne sont pas bien bons. Le se raient-ils davantage, ils ne sauraient prévaloir coutre l'expérience. Au surplus, l'Empereur n'avait peut-être pas suffisamment réfléchi sur la matière, et les distractions qu'il avait de par ailleurs ne lui ont pas permis d'acquérir, dans les questions coloniales, la même autorité que dans les questions militaires. Son opinion est intéressante, mais peut être négligeable. Pourquoi M. Etienne a-t-il choisi' le moment actuel pour poser à nouveau un problème aussi complexe ? Il est à craindre que sa voix, qui mé riterait pourtant d'être écoutée et entendue, ne se perde dans l'inattention du monde parlemen taire. A la Chambre, on ne songe plus qu'au budget et auxélections prochaines, et M. E tienne n'a certainement pas l'espoir d'y faire ouvrir un débat sur une question qui le passionne lui même très légitimement, mais qui n'est pas à l'ordre du jour. Il pourrait sans doute avoirplus do confiance dans le Sénat, si cette confiance n'avait pas déjà été trompée ; mais voilà six ans que la haute Assemblée est saisie d'un projet sur la question, et elle ne l'a pas encore discuté....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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