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Journal des débats politiques et littéraires, 5 juin 1898

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Journal des débats politiques et littéraires
5 juin 1898


Extrait du journal

Or, les faits et les chiffres détruisent absolu ment cette théorie. Les statistiques officielles prouvent, au contraire, que les ouvriers au service des grandes collectivités d'actionnaires constituent, aussi bien au point de vue moral qu'au point de vue matériel, une classe privi légiée et une sorte d'aristocratie. Non seule ment les ouvriers employés dans les grandes entreprises minières, métallurgiques et de transport reçoivent un salaire presque tou jours supérieur à celui des industries privées ; mais encore ils ignorent le chômage et jouis sent, grâce à l'institution des retraites, de l'inappréciable avantage de la sécurité pour leurs vieux jours. Pénétrons maintenant dans le détail et étu dions, entre divers exemples, la condition des nombreux ouvriers que les Compagnies de che mins de fer emploient dans leurs ateliers de construction et de réparation. Des tableaux dressés avec un soin méticuleux par l'Office du Travail, il résulte que la durée moyenne du travail est moindre dans, les ateliers des Compagnies que dans les ateliers similai res de l'industrie privée (dix heures au lieu de dix heures et demie) et que les salaires moyens y sont supérieurs (4 fr. 50 au lieu de 3 fr. 90). De plus, en dehors de la permanence du travail, l'ouvrier des Compagnies de che mins de fer participe à la plupart des avan tages octroyés aux employés. Comme eux, il a a droit aux soins médicaux, à la circulation gratuite ou avec réduction pour lui et les siens ; comme eux, il peut s'approvisionner à prix réduits soit aux réfectoires, soit aux maga sins de denrées et de vêtements installés par les Compagnies et qui fournissent du travail aux filles et femmes d'agents. Enfin, dans plu sieurs Compagnies, les ouvriers des ateliers jouissent d'une pension de retraite dont le taux varie suivant les années de service. La situation des ouvriers des Compagnies dans les centres urbains est donc préférable à celle des ouvriers des industries similaires. Comparons maintenant la situation des ouvriers 'employés par ces mêmes Compagnies sur le réseau en dehors des villes avec celle des ou vriers agricoles proprement dits. Le salaire de ces derniers varie suivant les régions ; mais pour une journée de;douze heures le salaire des terrassiers et des manouvriers ne dépasse guère 2 fr. Il convient aussi d'ajouter qu'ils sont exposés à de longs et fréquents chômages, qu'ils ne reçoivent aucune assistance en cas de mala die et qu'ils n'ont pas de retraite. Or, dans les mêmes parages, les ouvriers employés parles Compagnies à l'entretien et à la réparation des voies reçoivent un traitement qui oscille entre SOO et 900fr., sans parler d'autres avantages que nous énumérerons plus loin. On comprend faci-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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