Extrait du journal

martyr ( quatrième siècle), non seulement la forme générale du banquet de Platon a été suivie par l'écrivain sacré , mais on ne peut s'expliquer l'imitation de certains détails, que par cet instinct qui semble avoir porté les premiers chré tiens à employer toutes les ressources des arts des païens à l'établissement de la religion chrétienne. Puisque M. Rio traitait de la forme de l'art d'une manièro générale, c'était peut-être le cas de dire quelques mots sur l'architecture des premiers édifices chrétiens. Il] aurait trouvé la confirmation de cette passion avec.laquelle les premiers fidèles se servaient de tout ce qu'avait laissé le paganisme, pour l'adapter à leurs besoins nouveaux ; il nous aurait dit que la basilique antique, espèce de tribunal de commerce et de bazar, fut transformée en église; il nous aurait fait remarquer que dans l'une des plus anciennes, celle de Sainte-Agnès, hors les murs de Rome, outre l'édi fice dont toutes les parties ont été travaillées par des artistes païens, le clergé conserve comme trophée de la victoire chrétienne une petite statue de Gérés, en albâtre oriental, que l'on a placée sur l'autel, et qui est devenue une image de la Vierge ; il aurait ajouté que dans une des nefs laté rales , on montre, toujours comme signe de victoire , deux autels païens. Enfin i! aurait dit que, malgré l'aversion natu relle que portait la primitive église à l'idolâtrie de peuples païens, et par suite aux images, cependant elle s'est jugée assez forte pour no pas rejeter entièrement les idées et les formes antiques, et qu'au contraire elle les a fait entrer souvent dans la construction du nouvel édifice religieux qu'elle élevait. A-t-on eu tort ou raison d'en agir ainsi à cette époque, c'est ce que j'ignore; et je n'ai pas qualité pour juger cette question, mais je rapporte historiquement le fait et je vois qu'il s'est continué à une époque antérieure à celle (te qua torzième siècle), où M. Rio place l'invasion des idées païen nes dans celles des chrétiens. En effet, Dante, malgré toute la haute puissance d'invention qu'on lui accord», n'a cepen dant fait que recueillir toutes les connaissances, les idées et les préjugés de son temps, matérisu* bruts avec lesquels il a élevé*son monument poétique. Or il y avait déjà long-temps que les traductions latines des philosophes grecs avaient été faites sur celles des Arabes , (lorsque l'auteur de la Divine...