PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 10 novembre 1899

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
10 novembre 1899


Extrait du journal

La haute Cour tient aujourd'hui sa première audience, qui sera certainement suivie d'un grand nombre d'autres, et l'on constate que l'émotion ni môme l'attention du public ne sont en rapport avec les vastes proportions d'une si grande cause. Depuis le jour, d'ailleurs, oh" il a été "question de la découverte du complot, dont le ministère actuel a fait son .. affaire, oha remarqué presque partout la même; : indifférence, lé "même scepticisme, la môme ; tranquillité. Le gouvernement, annonçaitron, 'avait trouvé le complot. On s'y attendait. Il avait suffi; de parcourir, aussitôt après l'arrivée lau pouvoir du Cabinet, actuel, les journaux ; attachés.à sa, politique, pour savoir que le com i plot et. la haute Cour étaient dans ses inten ' tio'ns. Le complot est venu à son heure. La i haute Cour a maintenant la sienne. Dans tout i cela, il y a peu d'imprévu. On pouvait se ris quer à prédire les différentes péripéties de ce 'drame, pour ne pas dire de cette comédie poli tico-judiciaire. Mais il serait malséant et peu respectueux pour la haute Cour d'en annoncer d'avance le dénouement. Les débats qui commencent aujourd'hui ne seront probablement pas fertiles en révélations sensationnelles. Du côté de l'accusation du moins, on n'en attend plus. Elle a déjà fait part au public de toutes les révélations dont elle pouvait disposer. Le réquisitoire du procureur général, le rapport du président de la commis sion d'instruction, l'arrêt de la chambre d'accu sation nous ont mis déjà au courant des char ges relevées contre les accusés, sans parler d'autres publications, au moins aussi instruc tives/comme celles du rapport du commissaire . Ilennion et de la déposition du préfet de police. On peut dire que l'intérêt de ces révélations est presque épuisé, et si elles n'ont pas produit l'effet de terreur rétrospective sur 'lequel le gouvernement comptait sans doute, si le pays n'en a pas reçu la sensation bien nette et bien forte d'avoir été sauvé.d'Ùn immense péril, et s'il a pu apprendre toute cette histoire, même un peu chargée et assombrie, du grand com plot déjoué par le gouvernement, sans excès d'effroi ni de reconnaissance, il est peu proba ble que les débats de la haute Cour modifient ■ sensiblement cette première impression. Quand un pays, ou au moins l'immense majorité d'un pays, n'est pas en disposition de s'émouvoir, encore moins de s'effrayer, et garde son sang froid, malgré tout ce que son gouvernement déploie d'efforts et d'ingéniosité pour le lui faire perdre, il n'y a pas de remède à cela, et aucune mise en scène ne peut avoir raison de ce calme obstiné et un peu railleur. L'appari tion même de la haute Cour, dans toute sa solennité, n'y fait rien. Cependant, cette indifférence a une limite. Elle ne va pas jusqu'à l'oubli de ce qu'il y a de sérieux et même de grave en cette affaire. Dans le procès qu'un ministère fait à un certain nombre de ses adversaires, 011 distingue très nettement l'intérêt du gouvernement, ou, pour parler plus exactement, l'intérêt ministériel. Mais, à côté de ces jeux de la politique, il y a d'autres intérêts moins négligeables: ceux de la justice, de la loi, de la liberté individuelle. On peut sourire du complot; mais ce sont bien des accusés qui comparaissent devant la haute Cour, ce sont bien de véritables peines qu'il s'agit de leur appliquer, et non des moin ■ dres. Il est bien question de déportation, de dé , tention, de bannissement. Et encore que ce procès soit fait par des politiciens, et qu'il soit .porté devant des juges politiques, c'est bien une affaire criminelle qui va être jugée : tout le monde est intéressé à ce que l'arrêt qui in terviendra soit autre chose qu'un arrêt politi que et qu'un ordre'du jour de confiance ou de sympathie accordé à une politique et à un mi nistère. Le Sénat, nous devons le croire, s'est pénétré de la mission extraordinaire qu'il a à remplir. Il s'est dédoublé et dépouillé pour ainsi dire do lui-même. Tout sénateur est de venu un homme nouveau. Il n'a plus de pas sions, et à peine d'opinions. On chercherait vainement des hommes politiques au Luxem-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • malher
  • pajou
  • codet
  • ravaisson
  • vart
  • germain pilon
  • houdon
  • alexandre le
  • rubens
  • girodet
  • samoa
  • allemagne
  • angleterre
  • paris
  • berlin
  • londres
  • france
  • afrique
  • rome
  • versailles
  • sénat
  • l.e
  • conseil de guerre
  • académie des inscriptions et belles-lettres
  • académie des sciences morales et politiques
  • brunswick
  • opéra
  • wolseley
  • nuremberg
  • académie de peinture