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Journal des débats politiques et littéraires, 11 décembre 1836

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Journal des débats politiques et littéraires
11 décembre 1836


Extrait du journal

Madrid, ler1er décembre. Le général Seoane vient d'adresser au v unistre de la guerre le -rapport officiel suivant sur les événement du r!R' novembre : «Excellence, » A six heures du matin, tout le quartier d'Arandéc, conformé ment aux ordres supérieurs, avait été cerné par la garnison et la çarde nationale. A six heures un quart, j'envoyai à la caserne des soldats révoltés le capitaine de la garde nationale D. Mariano Sc jornant, avec le capitaine don Francisco Gusrra. Ces officiers avaient ordre d'intimer aux factieux qu'ils eussent à rentrer dans se devoir, et de leur offrir, au nom de S. M., le pardon pour ceux oui avaient été entraînés, et d'annoncer que les auteurs de-la ré bellion seraient traduits devant un tribunal compétent. Ces propo sitions furent accueillies par le petit nombre et repoussées par le tplus grand nombre, qui se mit à vociférer. » J avais tous les moyens de les écraser dans un instant; mais le désir d'éviter un scandale, et la crainte de voir couler le sang es -juigaol, de voir frapper des malheureux entraînés par des subor neurs qui restaient tranquilles et sûrs de l'impunité, me forcèrent ■d attendre jusqu'à midi, essayant de tous les moyens imaginables pour faire rentrer dans l'obéissance une troupe ivre, en majeure partie égarée à force d'or par les véritables conspirateurs , et dis posée à se livrer aux plus grands attentats. Les insurgés faisaient alors diverses promesses, aussitôt oubliées que faites. Ils avaient envahi l'édifice de l'Hôpital et les maisons latérales. Ils avaient fabriqué des cartouches pour augmenter leurs munitions, et ils menaçaient de s'en servir contre la troupe qui approcherait. » A onze heures et demie du malin, dix-sept individus signalés par |les sergens comme les_ chefs de l'insurrection étaient au pou voir du brigadier don Narcisse Lopez. Cela se passait au moment où je me présentai; pensant que la discipline était parfaitement rétablie, j'ordonnai au reste du bataillon de se former en bataille et de se rendre à Lortaîezzo. La réponse à cet ordre fut le refus le plus absolu. Les soldats égarés se mirent môme aussitôt en posi tion, tout prêts a tirer par les fenêtres de la caserne : déjà plusieurs me couchaient en joue; aussitôt je donnai l'ordre général de faire feu, et deux fois je fis suspendre au moindre signal que taisaient les insurgés, croyant qu'ils allaient se soumettre; mais voyant que je m'étais trompé, je fis continuer; et enfin, après une fusillade très molle de la part des insurgés, comme ils manifestaient pour la troisième lois l'intention de se rendre, j'ordonnai au capitaine don Mariano Sejornant, déjà nommé, de leur enjoindre de se soumettre sans condition. Cette injonction fut suivie de la soumission : ils dé posèrent leurs armes dont on se saisit, et la garde nationale oc cupa les édifices où les révoltés s'étaient retranchés. Je marchai aussitôt vers le Campo de las Guardias , la cavalerie escortant les rebelles. Là je lis prendre un homme par vingt soldats, et mon in tention était de faire fusiller les douze désignés par le sort ; mais Vivement ému par le sort de ces malheureux. et connaissant le bon cœur de S. M. la Reine régente, je ne fis fusiller que trois hommes. Leur exécution n'eut lieu qu'après l'assistance des prêtres qui leur administrèrent les secours spirituels. » Par une étrange coïncidence, les intentions de S. M. que V. Exc. m'a fait depuis connaître s'accordent parfaitement avec les miennes. Le procès des autres individus arrêtés et détenus en lien de sûreté continue à s'instruire. Toute la troupe disposée dans le quartier et qui a reçu le feu, et les soldats qui étaient au dehors et qui ont participé au projet d'assassinat contre le colonel, et à la tentative qui a eu pour résultat la blessure du commandant en second, ont été désarmés : ils sont enfermés dans la caserne de Saint-Mathieu, sous la garde'd'une compagnie de la milice natio nale. Les officiers et soldats de l'armée se sont conduits de la ma nière la plus satisfaisaute ; la garde nationale ne m'a rien laissé à désirer, tant elle a déployé de courage, digne à tous égards do ci toyens convaincus de la profondeur des blessures infligées à la pa trie par de semblables scandales. » Madrid, 30 novembre 1836. Signé ANTONIO SEOANE. » A S. Exc. le ministre de la guerre par intérim....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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