Extrait du journal
PARIS, I l DÉCEMBRE. S'il faut en croire l'Opposition, le ministère est fort troublé. II s'agite, il intrigue, il se remue dans tous les sens; il met toutes ses ressource s en jeu. Il se prépare enfin à la session qui va s'ouvrir comme à une lutte menaçante qu'il a reculée jus qu'au dernier moment, et dont il redoute l'issue. Voyons (loue si en effet le ministère a lieu d'être si troublé que le croit ou qtie le fait entendre l'Opposition. Le ministère du 6 septembre est sorti du sein de la majorité, non pas de cette majorité accidentelle qui a défait des minis tères sans en créer aucun, mais du sein de cette majorité con stante et invariable qui règle, depuis le 15 mars,les destinées de la France. Tous les hommes qui composent le ministère ap partiennent à cette majorité. Ministres ou non, ils ont toujours marché dans ses rangs. Le ministère du 6 septembre n'a'donc pas à craindre qu'on lui reproche son origine. Ce reproche, dans tous les cas, ce n'est pas la majorité dés Chambres qui îe lui fera. Qu'y a-t-il doue à lui reprocher ?Le ministère du 6 sep tembre, depuis son installation, a-t-il renié son origine? A-t -il profité de l'absence des Chambres pour introduire un sys tème nouveau, funeste pour la France? A-t-il compromis noire honneur vis-à-vis de l'étranger? A-t-il violé la Charte? A-t-il fermé les sources de là prospérité et de la richesse pu bliques? A-t-il montré de I'imperitie ou de l'indolence ? Toutes ces imputations ridicules, l'Opposition les répète chaque ma tin depuis trois mois; quelques orateurs, dont ie discours est déjà fait, viendront probablement les redire à la tribune; mais qu'en pensera la majorité? Et comment pouvez-vous croire que cela trouble sérieusement h ministère? Lorsque le ministère du G septembre s'est installé , la France n'était pas en péril, mais plusieurs questions, encore indécises, compromettaient son repos. Ces questions ont été résolues depuis avec autant de bonheur que de sagesse ; d'abord l'affaire de Suisse. Rappelez-vous tout votre emportement sur ! cette affaire ; rappelez-vous cet air de triomphe qu'elfe vous I donnait, et tous les fâcheux présages que vous en avez tirés! C'était, selon vous, un mauvais pas dont on ne pouvait sortir ! Il fallait sacrifier l'honneur de la diplomatie française, sinon s'exposer à des embarras. interminables, peut-être même à une guerre avec l'Europe! La prudence et la fermeté de M. le président du conseil ont résolu toutes ces difficultés que vous trouviez si graves. La Suisse, sans rien perdre de sa dignité, a réparé l'outrage fait à la France. Qu'en dites-vous? La ma jorité de la Chambre fera-t-elle de cette négociation glorieuse un acte d'accusation contre M. Molé ? Une autre question préoccupait également les esprits à l'avè nement du ministère du 6 septembre : c'était l'amnistie. L'Op position la demandait à grands cris; le Tiers-Parti l'avait promise, mais n'avait pas trouvé le temps de la donner. Pour exécuter une mesure de ce genre, pour la rendre utile , il fallait un ministère dont la fermeté fût connue, qui eût fait ses preuves contre la révolter, et dont l'indulgence ne
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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