Extrait du journal
Le Bloc, la justice cl la politesse. M. Husson, conseiller général républicain modéré de Saint-Dié, avait été appelé en témoignage, dans un procès de presse, par un de ses adversaires radicaux, M. Du ceux, ancien maire de la ville. Il n'hésita pas à défé rer à cette convocation, sans se douter de ce qui l'at tendait. Le tribunal recueillit son témoignage, et en fit état. Il appela le témoin, dans son jugement, le « sieur » Husson, ce qui est dans les habitudes delà justice, qui sont, sur ce point, mauvaises. Encore peut-on dire que lorsque cette qualification est appli quée à chacun sans distinction, elle perd un peu do son caractère désobligeant. Mais le tribunal de SaintDié sait les usages ,du monde, et s'entend à laisser chacun à sa place. Si le témoin Husson, parce que modéré, n'est qu'un « sieur », le plaignant Duceux, parce que bjocard, est un « monsieur », On l'appelle tout au long : « Monsieur Duceux, président du co mité républicain démocratique. » Pour un peu, on dirait : « Son Excellence Monsieur Duceux. » Ainsi l'exigent les principes du régime, qui veulent qu'on accorde la justice à ses adversaires et les faveurs à ses amis. Ainsi l'exigent les règles d'une égalité bien entendue, qui veulent que chacun soit qua lifié selon son mérite, et qui ne permettent pas qu'on traite les privilégiés de l'aristocratie radi cale avec la môme désinvolture que les simples prolétaires de l'opposition. Il reste à ajouter que le tribunal ne s'en est pas tenu là; il a éprouvé le besoin d'ajouter que le « sieur » Husson était un des chefs du parti « réactionnaire ». Nous ne pensons pas que celte épithète, qui appartient à la polémique courante des partis, et par laquelle les combistcs ont l'habitude de désigner les républicains restés fidèles à la politique de progrès libéral, ait encore trouvé place dans un document judiciaire. Nous ne pensons pas que deg magistrats, quelque pût être leur désir d'attirer l'attention sur leurs aptitudes à l'avance ment, se soient encore risqués, sous la forme la plus désobligeante, à marquer un témoin, qui devrait être protégé par sa qualité do témoin, d'une estampille politique qui peut paraître emprunter une certaine importance à l'autorité d'un jugement. Il ne convient pas sans doute de prendre de pareils propos au tra gique. Ils révèlent simplement, chez- ceux qui s'en servent, un manque de tenue qui est affligeant pour ceux qui ont encore le souci et le respect des vieilles traditions de la magistrature....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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