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Journal des débats politiques et littéraires, 13 mai 1844

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Journal des débats politiques et littéraires
13 mai 1844


Extrait du journal

leçon! Ainsi, nos provinciaux sont la providence des théâtres ; tout leur convient, tout leur est bon ; ils ne dé mandent pas le nom du comédien qui joue ; ils ne savent aucun des grands noms du théâtre moderne ; pourvu qu'ils aient lu le matin, dans les réclames de leur journal : le grand M. un tel, la célèbre M»" une telle jouera ee soir son magnifique îôle toi tel, aussitôt les voilà qui arrivent avant que le bureau ne soit ouvert. Ils font queue, et c'est • tant mieux. Plus l'attente est longue, et mieux vaut le plaisir. Ne nous parlez pas d'un spectacle où l'on entre comme si l'on entrait chez soi ! Non , au contraire c'est une grande joie d'être étouffé dans une foule avide cu rieuse, haletante! On ne dîne pas., on se hâté, on court on se presse ; où allez-vous, Monsieur et Madame ? Ahl disent-ils , ne nous parlez pas, nous sommes en retard , vous verrez qu'ils auront, commencé OEdipe, et que nous ne verrons pas OEdipe ce soir! Récit très simple et très vé rnuque de ce qui se passe dans les théâtres aujourd'hui. De leur côté, les théâtres rendent à Paris tous les mépris dont Paris les a comblés ; à peine savent-ils si Paris existe aujourd'hui. Ah! tu n'as pas voulu venir* pleurer et rire à mes invitations tes plus aimables, dit le théâtre à Paris? Eh bien! nous nous passerons de toi, et je rirai, je pleure rai à ta barbe blanchie ! Ah ! Parisien que tu es, tu disais, que nos comédiennes étaient peu nouvelles, qu'elles man quaient de beauté et de jeunesse, tu prétendais que tu savais nos grands comédiens par cœur; nos comédiennes te font la moue et nos comédiens se moquent de toi voilà des hommes de goût qui les trouvent belles voilà des femmes distinguées qui les trouvent intelligens et dra matiques ! Malheureux Paris! on le traite comme un sultan qui n'aurait plus de harem, ou tout au moins qui aurait perdu les muets, gardiens de son harem. Il est donc nécessaire que la critique prenne son parti de bonne grâce, qu'elle renonce , jusqu'à nouvel ordre, à ses entrees dans les théâtres; tant que Rome ne sera pas dans Rome, et Paris dans Paris, nul de nous n'a plus le droit de dire: Voilà une bien mauvaise comédie! Voilà une triste comédienne! L'abominable tragédie le filandreux vaudeville que nous avons entendu hier ! Tout est bien qui est bien écouté; tout est gai qui fait rire; tout est dramatique qui fait pleurer! Or on a pleuré, même à OEdipe! on a ri, même au Carlin de la Marquise. Faites donc votre métier de critique avec ces concurrences-là et ces irrésistibles démentis ! ' Quand donc je vous disais l'autre jour que Jacques-IeCorsaire, du théâtre de la Gaité, ne serait pas mort j'es père que je ne comptais pas sans mon hôte! Jîn tout autre moment plus calme, je n'aurais jamais osé écrire huit jours à l'avance (pie Jxtcques-le-Corsaire vivrait huit jours, mais l'ex-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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