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Journal des débats politiques et littéraires, 13 novembre 1838

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Journal des débats politiques et littéraires
13 novembre 1838


Extrait du journal

La démission de lord Durham est désormais consom mée. La proclamation aux Canadiens, dont il l'a accom pagnée , la rend irrévocable. C'est un événement qui peut exercer une haute influence sur les intérêts de la Grande-Bretagne. On n'a pas oublié en quelles circonstances lord Durham avait été appelé au gouvernement du Canada. Une ré volte , qui avait des causes anciennes et profondes, em brâsait la colonie. La race française de l'une des deux provinces ne cachait plus sa désaffection chaque jour plus vive envers la domination anglaise, et la popula tion britannique de l'autre province montrait une haine plus ardente encore contre une administration oppres sive et corrompue. Les succès semblaient déjà balancés dans la guerre civile qui commençait, et les troupes royales avaient en plus d'une rencontre subi de sérieux échecs. De tontes parts on appelait la séparation, mot magique de souvenir et d'espérance en Amérique. Aussi ce cri de ralliement de l'insurrection canadienne avait il éveillé toutes les sympathies des peuples de l'Union. Une intervention populaire irrésistible rendait illusoire la neutralité du gouvernement des Etats-Unis , neutra lité fort suspecte d'ailleurs à l'égard d'un mouvement qui pouvait livrer à l'ambitieuse république l'objet cons tant de sa convoitise. Ainsi, à chaque instant, les divi sions intestines de la colonie menaçaient de se compli quer d'une querelle entre les deux nations. Enfin, le moment semblait arrivé d'un démembrement que les Anglais eux-mêmes prédisent pour un prochain avenir. C'est dans cette situation presque désespérée qu'une mission extraordinaire , pour pacifier le Canada, fut confiée au comte de Durham. La métropole, compre nant enfin combien la crise était décisive, investit le nouveau gouverneur de pouvoirs à peu prés illimités. Ce fut un vrai dictateur qu'elle envoya dans la colonie soulevée. Lord Durham a-t-il su justifier par sa conduite la dé légation d'une si exorbitante autorité ? Les faits répon dent suffisamment. Dés son arrivée la révolte s'éteint comme par enchantement, les haines s'assoupissent ou se taisent ; un rapprochement général s'opère , les col lisions avec les citoyens des Etats-Unis cessent, la con fiance renaît dans la colonie ; et ce gouverneur armé d'un pouvoir si formidable, ce dictateur devant lequel chacun devait trembler, est bientôt environné de la plus incontestable popularité. Ces immenses résultats, lord Durham les avait ob tenus sans effusion de sang. Il avait trouvé dans les prisons les principaux fauteurs de l'insurrection. Par dés motifs de haute politique fort bien expliqués dans sa proclamation , il évita de les traduire en jugement ; et après avoir obtenu l'aveu de leur révolte, à leur propre prière il les fit transporter aux Bermudes , ne leur imposant d'ailleurs d'antre peine que la défense de rentrer dans le Canada, où leur présence aurait pu être dangereuse. Une amnistie générale à ces seules excep tions prés, et la confiance dans la loyauté de lord Darham avaient complété l'œuvre de la pacification....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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