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Journal des débats politiques et littéraires, 15 décembre 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
15 décembre 1834


Extrait du journal

rêt tout-puissant qu'on ne peut refuser à l'agoni! du 18esiècle. j. J. Rous seau raconte dans ses Mémoires que poussé par diverses considérations, bien misérables à vrai dire, il a jeté à l'hospice des Enfans-ïrouvés, cinq enfans qu'il avait eu de Thérèse Levasseur. M. Théodore Muret, dans son roman, à supposé qu'un des enfans de J. J. Rousseau, à peine déposé à l'hospice, a été adopté par M. de Saint-Pons dont il porte le nom et dont il croit être le fils. Le jeune chevalier de Saint-Pons, fils de Rousseau, ne décèle en rien son origine. Rien de grand dans l'esprit, rien d'élevé dans le cœur, aucune force morale; c'est tout à fait un jeune seigneur de ce temps là, étourdi, dissipé, débauché, joueur, menant de front plusieurs amours, séduisant une pauvre fille et recherchant en mariage une grande dame. Tel est le chevalier de Saint-Pons. Or, il me semble que ce n'était pas la peine de faire ce jeune homme le fils de Jeao-Jicques Rousseau lui même, pour le confondre ainsi avec tous les jeunes gens de son; âge. Ceci est une grande faute, non pas du vaudeville qui ne peut guère s'élever à des considérations de cet ordre là, mais bien du roman qui devait yoir les choses de plus haut. Faire du fils de Rousseau un fat, la belle imagi nation ! Autant aurait valu en faire tout de suite un galérien, et alors j'aurais indiqué à M. Théodore Muret une belle scène .de reconnaissance entre les cinq enfans de J. J. Rousseau , tous perdus à l'hôpital, dissé minés çà et là, de côlé et d'autre, dans toutes les professions, dans imites les misères et se retrouvant quelque part, soit au carnaval de Venise comme les rois détrônés dans Candide, soit au bagne, soit à l'hôpital. La scène eût été vulgaire, mais moins vulgaire que celle du roman de Ml Muret qui n'a employé que deux enfans de J. J. Rousseau, pendant qu'il en avait cinq à son service. La position du chevalier de/Saint-Pons est cruelle, et c'est même payer bien cher l'honneur d'être le fils de Jean-Jacques Rousseau que d'être forcé de reconnaître Thérèse Levasseur pour sa mère. Cependant le che valier de Saint-Pons, bon fils, va chercher sa mère dans le château ou plutôt dans les écuries qui lui servent d'asile. C'est là en effet qu'il ren contre l'indigne compagne de ce malheureux Jean-Jacques. Ce jour-là, Thérèse avait bu plus d'eau-de-vie qu'à son ordinaire, et, mollement as sise dans la basse-cour sur du fumier nouveau, elle s'étendait au soleil pn buvant son alcool. Son mari, le palfrenier, était de son côté ivre-mort, Voilà dans quel état Saint-Pons retrouve sa mène. La malheureuse ne se souvenait de Jean-Jacques que comme d'un homme triste,quinteux et difficile; et quand elle eut débité sur son premier mari deux ou trois anecdotes à l'usage des visiteurs d'Ermenonville, elle lendit la main au chevalier, qui donna pour boire àsa mère, et qui s'en revint à Paris la rage dans le cœur. A Paris, et comme il l'avait prévu, le chevalier ne retrouve plus per sonne qui le veuille reconnaître. Ses bons amis les chevaliers passent de vant lui et l'éclaboussent; ses bonnes amies les duchesses et les danseuses détournent la tête ou se cachent derrière leur éventail; il ne trouve même...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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