Extrait du journal

ler souvent de son étoile', dire et faire répéter partout que seul on est capable de porter l'épée de la France, et s'aller enferrer à celle d'un avocat, n'est-ce pas une singu lière et amère disgrâce ? N'a-t-on le pas droit de sourire le danger et le côté vraiment tragique de l'affaire étant désormais écar tés à cette ironique leçon de la fortune, et d'y voir le châtiment de fanfaronnades trop fortes et trop prolongées? Et si les poètes devaient chanter cet événement comme ils en ont célébré tant d'autres de la vie de M. le général Boulanger, n'y au rait-il pas un contraste assez frappant et une saisissante antithèse à faire ressortir dans les destinées de celui qui se vantait déjà de tant d'exploits et qui a sitôt trouvé son vainqueur? Cette histoire fait songer à la fable : le Lion et le Moucheron, et l'application en serait tout à fait juste s'il était seulement sûr que M. le général Boulanger fût un lion. Cela précisément aurait besoin d'être prouvé. Il a bien essayé de rugir. Mais le désert n'a pas tremblé et l'on s'est de mandé quelle était cette voix. Il a bien voulu dévorer une de ces chétives créatures dont les lions, pour l'ordinaire, ne font qu'une bouchée. Cela, comme on vient de le voir, ne lui a nullement réussi. Et en définitive ce qu'il rapporte de cette campa gne si bruyamment et si impétueusement entreprise, c'est une élucubration constitu tionnelle du genre Naquet et un coup d'épée de M. Floquet. Pour un conquérant et un triomphateur, c'est peut-être insuffisant....