Extrait du journal
Nous aurions aimé que, au moins pendant la durée des débats judioiaires qui se poursuivent à Rennes, tes journaux fissent trêve à leurs polémiques sur l'affaire soumise à la décision des juges. Sub judiçe lis est. L'accusation et la défense sont face à face. Le débat entre elles est contradictoire. Il serait assurément de toute raison et de toute convenance d'attendre en silence la fin de cette solennelle discussion et le jugement qui la doit suivre. C'était trop demander aux passions surexcitées et exaspé rées que,de les prier de s'imposer cette con trainte. Les polémiques continuent. Elles sont aussi vives, aussi violentes, aussi furieuses qu'elles le furent jamais. Nous parlons de la presse française. Mais la presse française n'est pas seule à donner ce spectacle regrettable et ce mauvais exemple. Elle est suivie et sou vent dépassée et devancée par la presse étran gère. Celle-ci est, ce semble, moins excusable. Elle voit les choses de plus loin. Elle est ou elle devait être moins intéressée que nous aux évé nements qui ont mis un si grand trouble dans notre pays. On s'attendrait à ce qu'elle fût exempte des passions qui nous agitent. Elle de vrait envisager avec sang-froid une affaire qui n'est pas son affaire et n'en parler qu'avec me sure. Le simple bon goût lui conseillerait cette attitude. Les convenances internationales la lui prescrivent. Si la presse étrangère s'était tenue dans cette réserve, les avis qu'elle aurait pu être amenée à émettre discrètement sur le sujet qui nous préoccupe et nous absorbe auraient pu avoir quelque valeur à nos yeux. On se se rait plu à y voir l'impression, de témoins désin téressés et impartiaux. Mais la presse étrangère, depuis les débuts de l'Affairejusqu'au point où nous en sommes, a compris son rôle d'une, tout autre manière. D'abord, elle n'a eu aucune hésitation. Pendant v que les esprits en France étaient divisés, trou blés, anxieux, pleins d'incertitudes et d'angois ses, la presse étrangère, elle, n'a éprouvé au cun embarras de ce genre. Elle s'est jetée, précipitée d'un même côté, comme à un signal donné, et sur un mot d'ordre. Ën France, la lumière a pu se faire lentement dans les intelligences, au fur et à mesure des événements qui éclairaient peu à peu des choses demeurées longtemps obscures. Il est certainement encore beaucoup d'hommes de bonne foi quin'ontpaspu parveniràrésoudre leurs doutes, mais qui s'en remettent aux débats du Conseil de guerre et à la décision des juges pour trancher une question qui n'est pas absolument claire à leurs yeux. A l'étranger, ou du moins dans les journaux étrangers, on ne voit pas trace de ces hésitations ni de ces scrupules. Il y a longtemps que l'Affaire est ju gée pour eux. Elle l'était dès le premier jour et même avant qu'ils n'en connussent rien. Mais ce n'est pas assez d'avoir une conviction si ferme et des affirmations si intrépides sur le fond môme de l'Affaire; ils ont aussi une opinion arrêtée, et en quelque sorte préalable, sur tou tes les circonstances accessoires et incidentes. Les hommes, et principalement les généraux...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - napoléon
- picquart
- liszt
- epernay
- charles malo
- camon
- dreyfus
- usher
- cant
- kennelly
- france
- wagner
- bayreuth
- rennes
- genève
- austerlitz
- hannibal
- wagram
- friedland
- alsace-lorraine
- conseil de guerre
- e. e.
- cour de cassation
- ecole supérieure de guerre
- parlement
- armée française
- parti socialiste
- la république