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Journal des débats politiques et littéraires, 20 mai 1844

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Journal des débats politiques et littéraires
20 mai 1844


Extrait du journal

THÉÂTRE DE L'ODEON. La Ciguë, comédie en deux actes, par M. Emile Augier. Vous vous rappelez sans doute cette cruelle satire de Shakspeare, Timon d'Athènes; je ne crois pas que jamais la raillerie d'un homme de génie ait été poussée aussi loin. Le poëte, on le dirait du moins, a voulu faire un tableau comme le tableau qui était au Salon cette année : l'Amour de l'Or, violente enseigne de toutes les prostitutions et de tous les vices. Dans le Timon d'Athènes comme dans le ta bleau de M. Couture, tout est à vendre, l'inspiration du poëte, la virginité de la jeune fille, la beauté de la femme, le talent de l'artiste ; les Athéniens sont autant de parasites et les plus vils qui se puissent voir ; Alcibiade, cette perle brillante de la ville d'Athènes, n'est plus qu'un traître et un menteur ; le philosophe Apemantus est un horrible cy nique, triste tableau de l'ingratitude et de la cupidité ! L'auteur du Roi Lear et de Macbeth a dû se trouver bien malheureux quand il s'est amusé à rire ainsi. Je vous parle du Timon d'Athènes parce que, à coup sûr, M. Emile Augier en a tiré sa très remarquable comédie, la Ciguë, et qu'en bonne conscience il faut que le maître passe avant le disciple. L'œuvre du maître est grande, les caractères y sont nombreux, le dialogue est plein d'une étrange vigueur : le travail du disciple se recommande par des qualités contraires. La fable est très claire, le style est vif et gai, quatre personnages nous suffisent, et enfin nous n'avons de misanthropie que justement ce qu'il en faut pour nous trouver très heureux de vivre. Et voilà, quand on imite, comment il faut imiter ses maîtres, sans les code Timon est remplie de toutes sortes ds gens : le peintre, le poëte, le marchand, le joaillier: on irait du Bourgeois gentilhomme ou de l'antichambre de Doit Juan. La journée du Timon commence mieux que la journée du Bourgeois gentilhomme et de Don Juan. Timon paie les dettes d'un sien ami qu'on va jeter en pri son, il marie une jeune fille, il protège des artistes. En fin il donne un grand dîner dont il a sa part. Ton meil leur plat, c'est ton cœur, dit Shakspeare, ou bien comme dit M. Augier : Ton vin, ô Clinias ! est bon comme ton cœur. 0 Timon ! les cinq sens te reconnaissent pour leur maî-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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