Extrait du journal

On écrit de Majunga, le 29 avril : Ce qui nous manque le plus, ce sont les cha lands pour aller prendre les marchandises à bord des affrétés et les transporter à terre. Une Compagnie privée qui aurait eu l'idée do con duire à Majunga un matériel de transborde ment et qui l'aurait loué à. l'Etat aurait fait une excellente affaire, et l'Etat, de son côté, n'y aurait pas perdu. Il serait trop tard à présent; tout s'achèvera avec un peu de lenteur, mais enfin le travail s'accomplit sans autre répit que le dimanche, et, franchement, cette sus pension hebdomadaire n'est pas; de trop. Inutile de demander comment on vit à Ma junga : on y vit mal, àla diable, en se « dé brouillant v quotidiennement, à moins d'avoir la très rare bonne fortune de recevoir l'hospi talité d'Européens antérieurement établis. Combien de nouveaux débarqués ont passé lourâ"premières nuits à la belle étoile, laquelle, du reste, perdait trop souvent sa beauté sous les averses, par bonheur à peu près finies maintenant! On comprend les philosophes qui sont allés installer leurs lits sous les manguiers touffus qui forment derrière la ville une masse d'un beau vert sombre : la fièvre, il est vrai, ne les y a guère ménagés, et l'air circule difficile ment sous ces dômes épais où la brise de mer n'arrive pas. Puisque j'ai parlé de fièvre, je tiens à vider de suite cette grosse question de l'état sani taire de Majunga. Tenez pour certain qu'il n'est pas mauvais, et méfiez-vous des bruits contraires. J'ai fait sérieusement mon en quête : il n'y a point d'épidémie d'aucune sorte. Les cas de maladie sont tous des cas indivi duels, normaux. Ni contagion, ni épidémie, voilà la vérité. Il convient de dire que la di-...