Extrait du journal
lité pour prendre leurs petites passions, et se rabaisser à leur taille; mais la France ne pouvait pas donner dans le piège, car le moindre de ses paysans sait aujourd'hui, mieux que 3VL de Polignac ne feint de le savoir, comment et jusqu'à quel point le Roi peut être mélé à des débats qui se vident entre le ministère et le pays. Ce de'sappointement n'a point dégoûté M. de Polignac de sa tac tique , et il y persiste, soit que n'ayant à son service qu'une seule idée, il s'y tienne par impuissance d'en changer, soit qu'il espère gagner des voix au ministère en compromettant la royauté. Ce n'est donc pas sans indignation que nous avons lu dans les feuilles qui sont à sa dévotion, que la querelle qui divise le ministère et la France était une querelle entre le Roi et les journaux. Il y a là un monstrueux oubli de toutes les convenances! Quoi !' La contéstation actuelle est entre le Roi et les journaux ? Et vous, où étes-vous donc, MM. les ministres ? Sans doute , c'est vous qui contemplez la querelle à l'écart, et qui en êtes les juges! A vous , sans doute , l'inviolabilité ; à vous de peser dans voire prudence où est le droit et la loi ; à vous de jeter sur les combattans ce re gard calme et supérieur qui n'appartient qu'à la royauté ; à vous de ne point pécher ; au Roi d'avoir des passions mesquines, au Roi de descendre dans l'arène , au Roi de se quereller? Mauvais serviteurs, coinprenez-vous la portée de vos paroles? Au lieu d'accepter le défi qu'on vous a fait, à vous , rien qu'à vous ;au lieu de lutter contre la France avec vos armes , telles quelles , vos sophismes , vos mauvais écrivains , vos mauvaises renommées, vous vous cachez, et vous dites :la querelle est entre le Roi et les journaux! Ainsi, dans le débat, il n'y a de partie désintéressée , que vous! Ainsi, quand de tous les points de la France ,on vous crie de vous en aller , quaud on vous voit, vous ou votqe ombre , dans tous les malheurs publics , quand les organes libres de la presse européenne vous accusent de toutes parts de troubler un peuple fidèle ; quand vous glacez jusqu'à notre vieil enthousiasme de victoires, quandjà malédiction générale vous poursuit depuis dix mois, vous dites : c'est au Roi que tout cela va-! la querelle est entre le Roi et les journaux! Il fallait vraiment en arriver à un pareil ministère , à cette fine fleur de royalistes, pour entendre dire que le Roi pouvait être partie dans une querelle! Ces hommes, qui voudraient rendre à la royauté d'inutiles privilèges qu'elle a volontairement sacrifiés, lui ôtent à présent ce qu'elle ade plus sacré, ce qui la rend forte et populaire, et ce qui fait que les partis ont la pudeur de ne jamais la mettre dans leurs rangs , et la regardent comme une mé diatrice qui rétablit l'harmonie. Nous , qui sommes aussi des roya listes, mais non de ceux qui grossissent de petits dévouemens' et qui parlent de leur zèle du ton de gens qui tendent la main, mais de ceux qui pensent que le temps dé rappeler les vieux services est passé, quand le temps est venu d'en rendre de nouveaux et de plus grands , nous voyons toujours la royauté loin des querelles, agitant, dans sa prudence , les opinions de la majorité et les opi nions de la minorité, essayant de eelle-ci et de celle-là, mesurant la portée de sa prérogative, et étant toujours à la veille d'en user pour le bien du pays; nous mettons le Roi à l'écart, et nous lui adressons nos vœux, et nous lui rapportons tout ce que le minis tère n'a pas desséché en nous d'espoir et de confiance; et, quelque sophisme qu'on imagine pour le faire descendre sur la place publique, nous le replaçons toujours dans sa haute sphère d'im peccabilité politique. Le Roi n'a donc point de querelle avec les*journaux constitu tionnels, parce que le Roi n'a point de querelle avec la FranceOr les journaux du pays, c'est le pays, quoi qu'en disent les feuilles ministérielles. Un journal n'est rien que par l'opinion dont il est l'interprète et le défenseur : du jour que cette opinion meurt, ou n'est plus que l'écho de quelques voix isolées, le journal meurt. Les journaux ne sont pas une puissance abstraite, qui a une exis tence et des intérêts distincts de ceux du pays : si le pays n'était pas dessous, ce ne seraient que des chiffons de papier. Les feuilles ministérielles le savent «lieux que personne-, car avant d'être au ministère, elles ont été réduites à leurs seuls moyens. Il ne faut donc pas affecter de croire qu'en mettant d'une part le ministère et de l'autre les journaux , dans la lutte qui est engagée, on rape tisse cette lutte. Cela n'ôtera pas un adversaire au ministère, et ne lui donnera pas un ami ; car encore une fois les feuilles constitu tionnelles , c'est la majorité constitutionnelle, c'est la France. Entassez dans vos colonnes les mots de journaliste, de follicu laire ,de pamphlétaire, frottez ces mots l'un contre l'autre, afin d'en tirer quelque effet, puis prenez des airs de dédain, si ridi cules dans les valets , et affectez une indignation sous laquelle ont voit, en dépit de tout votre bruit et de tous vos frais de ponctua tion , que vous êtes froids, et que vous vous moquez de vous, qu'est ce que cela fait?...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - de polignae
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