Extrait du journal

Le comité de l'Hôtel-de-Ville convoque les électeurs à faire des élections munici pales le dimanche 20 mars ; le gouverne ment de l'Assemblée proposerait à la France et à Paris de les faire le 10 avril. Dimanche, un seul parti les ferait ; le 10 avril, Paris et la France voteraient ; là est ttfute la diffé rence. Pour nous, Paris ne peut pas plus être séparé de la France que la France ne peut être séparée de Paris. Nous ne som mes pas des républiques isolées comme celles de l'ltalie du moyen-âge ou de la Renaissance ; nous sommes une nation. Que cette nation s'appelle monarchie ou t république, l'étiquette n'y fait rien. Nous sommes la France ; la France faite par la monarchie, par la Révolution, même par l'empire ; la France de l'histoire. "L'application du suffrage universel aux institutions municipales n'a rien qui nous alarme. Au contraire, elle a tout notre concours. Nous la réclamons depuis vingt ans, et ce n'est certainement pas nous qui serions disposés à la combattre. Nous la considérons comme une conquête de Ja li berté; mais, pour être -légitime ,il faut qu'elle soit libre. Or, elle ne serait pas libre dans les con ditions que nous subissons jusqu'à nouvel ordre, ou jusqu'au rétablissement de l'or dre. Le parti qui domine dans certaines portions de la ville, et qui s'est installé et fortifié dans des positions qui sont la pro priété publique et nationale, donnera la mesure de sa sincérité et le mot de ses pré tentions. Nous allons savoir si, véritable ment, il ne veut qu'une réforme commu nale, ou s'il veut une révolution universelle. Ce parti veut faire la guerre civile comme l'empire a fait la guerre étrangère ; ce sont les mêmes procédés. Quand l'em pire a voulu faire la guerre, tous les pré textes de la faire ayant été retirés l'un après l'autre, il en a trouvé d'autres. Au jourd'hui, on propose de faire, des élections municipales à Paris en même temps que dans toute la France. Si le parti de l'Hôtel de-Ville ne veut pas, c'est qu'il veut autre chose. Alors il faut nous tenir prêts. Il ne s'agira plus d'élections municipales, mais de l'ordre social. Nous voulons parler avec modération. Nous ne provoquons pas la guerre civile ; nous la subissons, comme nous avons subi la guerre étrangère que nous n'avions pas voulue. Mais nous sommes obligés de la soutenir, si on nous l'impose et si elle s'engage....