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Journal des débats politiques et littéraires, 25 février 1924

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Journal des débats politiques et littéraires
25 février 1924


Extrait du journal

La marée Le poisson que la mer fournit en varié tés nombreuses, en quantités illimitées, qui a une valeur nutritive égale à celle de la viande,' devrait entrer largement dans la consommation pour suppléer au déficit dit (cheptel national. Mais il est loin d'en être ainsi; sur les causes de l'insuffisance des ventes de la marée, une controverse s'est établie entre les chemins de fer et les pêcheurs ou né gociants mareyeurs. Ceux-ci accusent l'exagération des tarifs de chemins de fer, ceux-là la mauvaise organisation du commerce du poisson. Les chemins de fer opposent qu'avec les tarifs très réduits actuellement en vi gueur, la charge du transport ne dépasse pas, par exemple, o fr. 275 par kilo brut, o fr. 34 par kilo net, pour le long parcours de Boulogne à Marseille. Diminuerait-on les tarifs de 20 % au prix d'un très lourd sacrifice, pour ce parcours si étendu on réduirait en tout cette charge de o fr. 055 au brut, o fr. 068 au net; une réduction aussi minime, qui se diluerait en route, n'arriverait sûrement pas aux consomma teurs. Il est vrai que les mareyeurs ne contésterit pas ce point, mais ils entendent que ce sacrifice serait fait à leur profit. Leur obstination est telle à cet égard que certains viennent de réclamer contre le relèvement de 12,5' % des tarifs de chemins de fer à cause de l'augmentation de o fr. 026 par kilo de poisson qui devrait en résulter d'après leurs calculs et qui serait, disent-ils, une charge intolérable pour la consommation. La thèse de la mauvaise organisation commerciale, que soutiennent les chemins de fer, est au contraire bien établie. Le malthusianisme règne, en effet, par tout dans ce trafic de la marée. Malthusianisme de la part des pêcheurs qui, souvent, limitent leur pêche par crainte d'une diminution du prix de vente du poisson. Malthusianisme sur le marché de con sommation de la part des vendeurs qui sui vent, le principe formulé un jour par l'un d'eux.: « Je préfère vendre peu pour ven dre bien. » Dans l'état actuel, cependant, il faut re connaître que ces restrictions répondent, dans une certaine mesure, aux situations. Dans les ports, la pêche est foncière ment irrégulière; les jours d'abondance, il arrive parfois qu'une partie du poisson ne trouve pas d'écoulement et est perdu ou bien est acheté à vil prix par les négo ciants dit mareyeurs; les jours de mau-, vaise pêche, le marin ne trouve souvent pour sa pêçhe réduite que des prix insuf fisants de la part de ces mareyeurs, qui ont conservé dans la glace une réserve ve nant des jours d'abondance. Pour les marchandises en général, afin d'en régulariser le trafic, on a recours aux entrepôts; or, pour aucun produit, ce ré gime-de l'entrepôt ne serait plus justifié que pour ce trafic si irrégulier de la ma rée, étant entendu qu'il devrait alors s'agir d'entrepôts frigorifiques. Pour la vente à la consommation, la situation est en quelque mesure analogue. Mal assuré de l'écoulement d'un produit aussi éminemment périssable,' le vendeur restreint, ses achats, et, « vendant peu pour vendre bien », majore ses prix pour re trouver son bénéfice. Ici encore, pour donner à ce vendeur une assurance nécessaire, une garantie contre la perte de sa marchandise, il fau drait un entrepôt frigorifique tel que ceux qu'on rencontre chez les commerçants d'Allemagne, de Suisse, et tel que là res serre frigorifique établie récemment aux Halles centrales de Paris. Le coût relativement élevé de ces en trepôts est toutefois un obstacle à l'ex tension de cette solution dans les ports de pêche, dans les centres de consomma tion. On vient de s'aviser d'un moyen simple et économique de la réaliser en utilisant les nombreux wagons frigorifiques achetés à l'armée américaine, wagons dont un grand nombre est actuellement disponible et dont les réseaux ont offert, à titre d'es sai, la location à prix réduit, aux pêcheurs ou aux mareyeurs, aux municipalités, aux négociants intéressés, pour être installés à demeure dans les gares. Mais si cette combinaison est intéres sante, il s'en faut que ce soit la principale...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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