Extrait du journal

Il y a encore, selon le préfet du Calvados, une autre cause qui nuit à la fréquentation des écoles, c'est l'extension de la gratuité. Le préfet cite des chiffres à l'appui que nous ne sommes pas en mesure de dis cuter, et il ajoute que les élèves gratuits sont les moins assidus et les plus diffi ciles à discipliner. Cela se peut bien, et nous n'y voulons pas contredire pour le moment. Quiconque connaît les mœurs et les habitudes des habilans de nos campagnes n'ignore pas qu'en général ils font cas d'une chose en proportion de ce qu'elle leur coûte, et ûous sommes assez disposés à admettre que, du moment où l'instruction de leurs enfans ne leur impose aucun sacrifice d'argent, ils tolèrent beaucoup plus aisément de leur part une indifférence et un manque d'assiduité qu'ils ne supporteraient pas s'ils devaient à la fin de chaque mois débourser des frais d'é cole. Mais que faut-il en conclure ? Est-ce là un argument contre la gratuité? Nous ne le pensons pas. Nous savons qu'il n'y a rien de parfait en ce monde, pas plus les institutions que les hommes, et s'il est vrai que la gratuité de l'enseignement primaire offre les inconvéniens signalés par le préfet du Calvados, cela prouve seulement que la gratuité 11e suffit pas et qu'il faut en outre rendre l'enseignement primaire obligatoire. Nous irons jusque-là, s'il le faut (et ce n'est pas la première fois que l'occasion se pré sente d'exprimer toute notre pensée à cet .égard), tant nous sommes convaincus, toute autre considération à part, que l'in struction, au moins élémentaire, est une nécessité de premier ordre, une question de vie ou de mort dans un temps où les des tinées du pays dépendent de manifesta tions plus ou moins réfléchies et raisonnées du suffrage universel. Le secrétaire de la rédaction, p. DAVID....