Extrait du journal

Le port d'Alger. L'émotion est assez vive, dans le monde commercial d'Alger, aussi bien que parmi ceux qui ont une saine préoccupation du rôle commercial de Ta France dans la Méditerranée. On n'est pas, en effet, sans redouter les dangers que ne manquera pas de faire courir à la prospérité du port et à la situatidn économique de notre colonie l'appli cation, débidéè par la loi de finances, de celle de 1872, qui établit un droit de quai sur les navires ve nant de l'étranger ou des colonies françaises. On sait qu'Alger est plutôt un point d'escale qu'un lieu de destination ;on n'y fait pas de gros embarquements ou débarquements comme à Marseille ou au Havre ; mais de nombreux bâtiments étrangers s'y arrêtent sur leur roule ; ils chargent quelques marchandises et y renouvellent principalement leurs approvision nements.de charbon, d'eau douce et de vivres frais. Ce mouvement d'escale avait même pris une grande importance, et l'on comptait jusqu'à une vingtaine de Compagnies possédant environ 700 steamers qui avaient inscrit Alger dans leur itinéraire et mettaient ainsi notre colonie en relations avec l'Angleterre, la Belgique, l'Allemagne, la Hollande, la Russie et l'Extrême Orient. Or le nouveau droit de quai qui est de 50 centimes par tonne de jauge pour, les provenances d'Europe et de la Méditerranée etdel fr. pour celles des autres pays aura pour pre mier résultat d'éloigner très sûrement les navires du port algérien, où leurs recettes risqueraient d'être entamées sinon absorbées par ces droits. Et tout cela est d'autant plus regrettable que l'on avait depuis quelques années assisté à l'émoi causé à Gibraltar par cette prospérité assez nouvelle d'Alger. Dans ce port anglais on s'était préoccupé des moyens à mettre en œuvre pour remédier à cette .concurrence d'es cale charbonnière ;'des travaux y sont à la veille dYTre.entrepris., La, chambre de commerce d'Alger à laquelle le gouvernement général de l'Algérie avait dés l'année dernière signalé l'importance de ces ira-, vaux étrangers, avait étudié de très près la question, et elle avait proposé avec sa grande expérience Inap plication d'une sérié de mesures destinées à attirer de plus en plus les navires des Compagnies eùropéen nes à Alger. Mais, bien loin de profiter de la sagesse de ces avis, voici que l'on procède à la mesure la plus propre à couper très nettement l'essor de cette pros périté. En vérité, on se prend à douter de la raison de ceux qui préconisent et qui votent avec une telle légèreté de semblables lois....