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Journal des débats politiques et littéraires, 30 janvier 1905

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Journal des débats politiques et littéraires
30 janvier 1905


Extrait du journal

Les journaux socialistes et radicaux veulent bien" attacher quelque intérêt à, notre attitude ; mais ils l'interprètent différemment. L'Huma nité assure que nous ne dissimulons pas notre joie. « C'est, dit-elle, la douceur de la première victoire ». Le Radical estime, au contraire, que nous regardons « la paix signée vendredi comme un simple armistice » et que, dans notre défiance de l'avenir, nous recommandons à nos amis de rester sur le pied de paix armée. Enfin, la Petite République écrit : « Les Débats constatent qu'il y a quelque chose de changé. Mais ils le disent d'un air mal assuré. Leur affir mation recevrait un démenti des événements, qu'ils n'en éprouveraient aucun étonnement ». De ces interprétations différentes, quelle est la vraie? Peut-être le sont-elles toutes, à la con dition toutefois de limiter les unes par les autres et de n'en considérer aucune comme contenant la vérité absolue. Qu'il y ait quelque chose de changé depuis, la" séance de vendredi, il suffit, pour s'en convain cre,de lire la presse socialiste. Il ne faut pas se contenter des journaux libéraux et progres sistes : on pourrait croire de leur part à quel que complaisance et à quelque illusion. Le désir de rentrer dans la majorité, après l'avoir désertée pendant six ans de suite, serait en effet de nature à leur montrer les choses sous un jour trop optimiste : mais il y a une contre épreuve dont il est impossible de se défier. Si les progressistes sont heureux de rentrer dans la majorité, les socialistes sont certainement désolés d'en sortir ; néanmoins, ils l'ont fait. Il fallait voir avec quelle avidité ils se ruaient hier encore à la curée! La pensée qu'ils étaient du gouvernement, qu'ils disposaient de ses avantages, qu'ils en gratifiaient généreusement leur clientèle, avait très sensiblement modifié leurs vieilles mœurs politiques, et jamais on n'aurait vu, même sous l'empire, des mame louks aussi plats envers le pouvoir ni aussi ar rogants . à l'égard de l'opposition. On ne savait plus jusqu'où ces habitudes nouvelles pour raient les conduire. Gela ne les a pas empêchés, vendredi dernier, faut-il dire de rompre résolu ment? avec le ministère l'expression serait exagérée ; elle dépasserait leurs intentions. Mais enfin, ils ont fait bande à part, et, pour la première fois depuis six ans. on les a vus, au nombre d'une centaine, monter sur le mont Aventin. Ils l'ont fait avec un air lugubre qu'ils ne cherchaient pas plus à déguiser que nous ne dissimulions notre joie, pour employer le lan gage de VHumanité. Qui pourrait soutenir, après cela, qu'il n'y a pas « quelque chose de changé », et quelque chose de très important? Mais qu'est ce ? Si ce n'est pas le programme du minis tère, c'est du moins l'esprit qui l'anime. Comment n'aurions-nous pas été satisfait en entendant M. Rouvier déclarer qu'il gouverne rait au grand jour? Adieu donc les fiches vadé-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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