Extrait du journal

Le groupe des républicains progressistes s'est réuni hier sous la présidence de M. Camille Krantz, son nouveau président. En prenant possession du fauteuil, M. Krantz a adressé à ses collègues l'allocution d'usage. Il a félicité lés progressistes de l'attitude qu'ils ont prise à l'égard du ministère Brisson et du rôle qu'ils ont joué dans les événements qui ont amené sa chute. Ce groupe ne pouvait accorder 'sa con fiance au Cabinet radical. 11 avait résolu, il y a quelques jours, de la refuser nettement, et cette décision a reçu une prompte exécution., C'était, dit M. Krantz, « un Cabinet de combat, un Ca binet de division républicaine ». On-peut dire plus brièvement : c'était un Cabinet radical. A ce titre seul, il méritait toute la défiance que les progressistes lui ont témoignée et l'échec qu'ils lui ont fait subir. Ceux ci n'auraient pu le soutenir ou l'épargner qu'à la condition d'abandonner leurs propres idées, de s'aban donner eux-mêmes, de livrer le gouvernement et l'administration aux rancunes d'un parti qui cherchait une revanche. Ils ne l'ont pas voulu ; ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont pas besoin de s'en justifier et ils ont tout lieu de s'en applaudir. Maintenant, ajoute M. Krantz, les progres sistes sont « prêts à soutenir un Cabinet répu blicain dont la politique d'union républicaine s'inspirera avant tout des principes d'ordre, de liberté et de progrès qui sont la raison d'être de leur groupe ». Evidemment tous les républi cains qui sont partisans d'une politique a d'or dre, de liberté et de progrès » sont faits pour s'entendre; ils doivent s'unir; ils ont tout ce qu'il faut pour avoir une politique, pour former un parti. Le gouvernement qui réalisera cet idéal aura tous les droits possibles à la confiance des progressistes et à leur plus énergique et à leur plus persévérant appui. Avant tout il importe que les progressistes établissent dans leur propre groupe celte union, cette solidarité, cette homogénéité si désirables, qu'ils soient en un mot un parti, dans toute la force du terme et dans le sens le plus élevé du mot, qu'ils aient non seulement une politique, un programme, mais une organisation, des cadres réguliers, un chef. M. Krantz l'a dit avec raison à ses collègues : « Pour défendre nos principes et nos idées, il nous faut l'union et là discipline. Nous serons unis et disci plinés. » On doit s'empresser de prendre acte de cette promesse. Les progressistes lui ont donné dès hier un commencement d'exécution, en déci dant qu'à l'avenir nul ne pourra faire partie de leur groupe s'il est également inscrit à d'autres groupes. Cela ne veut pas dire assurément que le groupe des progressistes ait l'intention de s'enfermer dans une tour d'ivoire. Il n'entend pas être un groupe fermé, une petite chapelle ou une coterie. Mais il prétend être un parti, ce qui est très légitime ; et un groupe ne saurait être un parti s'il est le rendez-vous d'opinions diverses et souvent divergentes, s'il suffit de pousser la porte pour- y entrer, pour pren dre part à ses délibérations et pour peser sur ses résolutions , sauf à n'en tenir aucun compte et à voter ensuite avec le parti ad verse. Nous avons vu plus- d'un exemple de cette étrange confusion. Un groupe qui se gou verne ainsi ne peut se flatter d'être un parti:...