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L’Écho rochelais, 28 novembre 1894

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L’Écho rochelais
28 novembre 1894


Extrait du journal

mises sur le dos d’un homme qui est arri vé au pouvoir pour en être le bouc émis saire et au jour où nous allions en être châ tiés : Emile Ollivier. Emile Ollivier écrit en sept volumes l’his toire de \'Empire libéral, et le premier de ces volumes apparaît comme s’il était appelé par ces révélations du général Du crot autant que par les récents aveux de M. de Bismarck, confessant qu’il a maquillé la dépêche suprême pour déchaîner la guerre. On a été injuste envers Emile Ollivier. La guerre n’a pas dépendu de lui. Il l’a subie, et s’il n’avait pas été au pouvoir, son remplaçant l’aurait subie comme lui. Et s’il avait préféré s’en aller plutôt que de la déclarer, d’abord on l’eût accusé de lâcheté et un autre l’eût déclarée à sa place. ^Coux qui l’accablent encor» après ur quart de siècle le savent aussi bien que moi. Et ceux qui les croient méconnaissent à la fois un grand esprit, un orateur admira ble et charmant, doublé du plus honnête des hommes et du plus respectable des pères de famille. Je ne lui reproche qu’une chose; c’est d’ètre un parlementaire et d’avoir cru mûr pour la liberté, telle que la pratiquent les Anglo-Saxons, un peuple latin dont tous les grands actes se sont accomplis sous le despotisme, et qui ne s’est jamais servi de la liberté que pour organiser l’oppression, après avoir tout mis à feu et à sang dans sa propre maison. Ce livre d’Emile Ollivier estempreinbde cette ardeur généreuse qui pour lui a pro longé la jeunesse du corps et de l’âme. Je suis sûr qu’il séduira, je désire qu’il con vainque. Après avoir accouplé Ducrot et Emile Ollivier, la liaison est tout indiquée entre le grand effort colonial que va accomplir la France en envoyant ses enfants à Mada gascar et le souvenir de ce pauvre duc d’Uzès, dont les lettres colligées et mises en ordre par Mme la duchesse d'Uzès, sa mère, vont paraître cette semaine. Le public se plaira à lire ce volume, parce qu’il y sentira passer une âme émi nemment française, pleine d’entrain, de dévouement, d’amour du pays et pleine aussi de gaieté. Cet enfant, qui voulait percer en diago nale le cœur africain, en abordant le con tinent noir par le Congo pour en sortir par le Nil, a trouvé la mort à moitié chemin, et, la portant dans ses entrailles, il est revenu, avant de lui céder, jusqu’au rivage, jusqu’en vue du paquebot qui devait le rendre à la vie et à la patrie. Mais, en plein centre africain, requis par les représentants de son pays, il a marché, lui et ses hommes, sous les plis du drapeau, et il a pu venger par les armes la mort d’un de ses prédécesseurs, l’infor tuné Poumayrac. Et, demain, le commandant Monteil par tira de l’endroit où le duc d’Uzès a com battu. Les lettres de ce jeune martyr, écrites sans apprêt et publiées telles qu’elles ont été écrites, sont un modèle de verve et de bonne grâce. Et on peut dire de lui qu’il a — Vous ne m’attraperez pas, répétat-elle en échappant avec la légèreté d’un oiseau, chaque fois que Maurevailles croyait l’atteindre, je cours mieux que vous... Et elle se mit à chanter ; Courez, courez, beau seigneur, Qui voulez avoir mon cœur!... Ni par vo* richesses, Ni par vos prouesses, De moi voue ne serez vainqueur. Courez, courez, beau seigneur 1 — Mon Dieu ! que faire? s’écria Maure vailles, frappé douloureusement au cœur par cette gaieté navrante en un pareil moment. Ah ! disait le magnat en se roulant sur le sol, tu ne pourras la faire sortir d’ici... elle mourra avec moi... je serai vengé 1... vengé !... — Laissez-la, montez, montez donc!... disait de son côté le nain, voyant que Maurevailles s’épuisait en efforts inutiles pour saisir Réjane. — Non, ce serait une lâcheté... je la sauverai ou je mourrai avec elle !... La poursuite recommença. Le chevalier réussit enfin à s’emparer de Réjane. Il l’attacha solidement sous les bras et essaya de l’enlever. Mais, ivre de rage, le magnat, malgré l’atroce douleur que lui causait sa bles sure, s’était traîné jusqu’auprès d’eux. Au moment où Réjane allait s’enlever de terre, H saisit les plis flottants de sa robe et s'y cramponna désespérément. — Faites-le lâcher, faites-le lâcher 1...

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

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